Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Les Oiseaux de passage
Ciro Guerra et Cristina Gallego   avril 2019

Réalisé par Ciro Guerra et Cristina Gallego. Colombie/Danemark/Mexique. Drame. 2h01 (Sortie le avril 2019). Avec Avec José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narvaez, Natalia Reyes, José Vicente, Greider Meza, Victor Montero et Sebastian Celis.

Si l'on voulait aller à l'essentiel, et résumer "Les Oiseaux de passage" de Cristina Gallego et Ciro Guerra, on pourrait écrire qu'il s'agit de la rencontre de "Scarface" (Version "Tony Montana") et de "Cent ans de solitude".

Alliant la violence et la sauvagerie du film de De Palma au lyrisme fantastique de Garcia Marquez, "Les oiseaux de passage" va surprendre bien des spectateurs. Pas ceux qui ont vu la première œuvre commune des deux cinéastes, "L'étreinte du serpent".

En tout cas, avec cette réalisation, ils seront sans doute les prochains sud-américains à rejoindre Hollywood, étant sans conteste les seuls à pouvoir poursuivre ce cinéma de la violence maniérée qui fit la gloire des italo-américains, de Scorsese à Coppola-Cimino.

Entre tragédie grecque, comme dans le pur film de gangsters hollywoodien, et conte onirique aux relents chamaniques à l'image des récits de Gabriel Garcia Marquez, "Les oiseaux de passage" de Cristina Gallego et Ciro Guerra cache d'abord son jeu.

On est en plein cœur d'une région aride et sauvage, La Guajira, et l'on est plongé dans une ethnie pré-colombienne, l'ethnie wayuu. Invocation de leurs dieux, initiation et rites, tout semble en place pour un film expliquant comment les membres de ses tribus concilient tradition et modernité.

D'emblée, on assiste à l'émergence de beaux personnages féminins, dures et hiératiques, car chez les wayuu, société pourtant très machiste, les femmes s'occupent de la politique et du commerce.

Mais, bien vite, on va découvrir une page inconnue, inattendue, de l'histoire colombienne : les racines des cartels. Car c'est de cet endroit reculé que va partir la "grande aventure de la cocaïne", ce que l'on appelle en espagnol la "bonanza marimbera".

Dès lors, on s'aperçoit qu'on n'est pas quelques siècles en arrière, dans un récit d'avant les Espagnols, mais au début des années 1970, dans ce qui pourrait être une sombre histoire amoureuse entre clans wayuu, et qui va déboucher sur une vendetta, après que le code d'honneur local a été brisé.

Sauf que cette histoire est peut-être une vengeance des dieux puisque les hommes d'ici ont pactisé avec le diable en vendant de la coca hors la tribu et à une échelle colossale, puisque désormais ils alimentent le marché américain naissant avec l'ère hippie et la guerre du Vietnam.

Peu à peu, "Les Oiseaux de passage" de Cristina Gallego et Ciro Guerra se transforme en un "sur-film" de gangsters mêlant hardiment la magie wayuu à la loi de la kalachnikov. Les morts s'accumulent comme les vautours autour des cadavres permettant au couple qui filme de démontrer toute sa science de l'image et de l'action.

On n'oubliera pas les scènes finales se passant dans cette maison blanche digne de Le Corbusier, et symbole de l'entrée de ces purs esprits devenus trafiquants dans une modernité insensée, dans laquelle se résout de manière sanglante cette tragédie transcendée par des Dieux inconnus.

De l'auto-carnage de ces "indigènes" devenus "gunmen" naît paradoxalement la Colombie d'aujourd'hui. Récupérant leur trafic, leurs hommes de mains à la peau blanche vont, sans plus aucune once de mysticisme ancestral, exploiter à fond le commerce de la drogue.

On ne connaissait pas cette histoire, les Colombiens eux-mêmes l'avaient oublié. Elle prend grâce à Cristina Gallego et Ciro Guerra la forme d'une épopée triviale et déchaînée.

Incontestablement, même s'il abuse parfois des acquis du genre, "Les Oiseaux de passage" est un film noir qui renouvelle les lois du genre à l'aide de son tropisme chamanique. On en restera longtemps saisi d'effroi.

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco

• Edition du 2024-04-14 :
L'île - Damien Manivel
Amal - Jawad Rhalib

• Edition du 2024-04-07 :
Le Naméssime - Xavier Bélony Mussel
 

• Archives :
Yurt - Nehir Tuna
Le squelette de Madame Morales - Rogelio A. Gonzalez
Le Jeu De La Reine - Karim Aïnouz
Laissez-moi - Maxime Rappaz
L'innondation - Igor Miniaev
El Bola - Achero Manas
Blue Giant - Yuzuru Tachikawa
Alice - Jan Svankmajer
Universal Theory - Timm Kroger
Elaha - Milena Aboyan
L'Homme d'argile - Anaïs Tellenne
Means Girls, Lolita malgré moi - Samantha Jayne et Arturo Perez Jr
Sirocco et le royaume des courants d'air - Benoit Chieux
La Venus d'Argent - Helena Klotz
Ricardo et la peinture - Barbet Schroeder
A L'intérieur - Vasilis Katsoupis
Le Gang du Bois du Temple - Rabah Ameur-Zaimeche
Juniors - Hugo Thomas
Oppenheimer - Christopher Nolan
Les Meutes - Kamal Lazraq
Mission : impossible – Dead Reckoning Partie 1 - Christopher McQuarrie
Love Life - Koji Fukada
Le prix du passage - Thierry Binisti
Kokon - Leonie Krippendorff
Nothing but a man - Michael Roemer
Pulse - Aino Suni
La Femme de Tchaikovski - Kirill Serebrennikov
La ferme à Gégé - Florent Verdet
Amore Mio - Guillaume Gouix
J'aurais voulu être astronaute - Comédie de Paris
- les derniers articles (2)
- les derniers cineclub (6)
- les derniers concerts (20)
- les derniers expos (1)
- les derniers films (1684)
- les derniers interviews (15)
- les derniers spectacles (4)
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=