A l’occasion de l’adaptation d’un précédent roman au cinéma, Philippe Mezescaze est invité à assister au tournage à La Rochelle. Cette expérience, profondément bouleversante, l’amène à croiser les acteurs qui interprètent sa mère, sa grand-mère et lui-même. Entre jeux de miroirs et métamorphose de sa propre enfance, les souvenirs resurgissent au gré des scènes et des rencontres avec son jeune alter égo, Noah, enfant perspicace et sensible. Cet épisode a amené le romancier à écrire une dernière confession sur Irène, sa mère encore enveloppée d’un indicible mystère.
Philippe Mezescase était pour moi un total inconnu. Jamais entendu parler de ce romancier, jamais lu le moindre de ses ouvrages. Voilà une erreur réparée avec la réception de ce petit bijou de livre d’un peu plus de 150 pages que j’ai lu d’une traite et qui m’a beaucoup touché.
L’auteur nous raconte dans ce court roman son histoire, sa vie, écrite après la mort de sa mère, suite au tournage auquel il a assisté. Il alterne avec une grande élégance des moments du tournage et les souvenirs auxquels ils renvoient. On va alors suivre son enfance, autour de sa mère, dont il nous dit : "Je ne sais rien d’elle". Il nous raconte une mère désœuvrée, fragilisée par l’alcool qu’elle consommait plus que de raison. Il nous raconte aussi ses séjours chez sa grand-mère, la mère de celui qui lui a donné son nom en le reconnaissant sans pour autant être son père biologique. Son véritable père reste aussi une énigme pour Philippe Mezescaze. Il ne sait pas grand-chose de lui, mis à part sa confession juive et ses activités parisiennes.
Au travers d’un double jeu de miroir qui touche le lecteur et l’auteur, Philippe Mezescaze nous livre un texte profond et émouvant, plein de délicatesse et dune grande sensibilité, dans lequel il déroule son enfance avec la pudeur des yeux d’un enfant et en même temps son regard d’adulte. Son ouvrage est particulièrement touchant, particulièrement les passages où il se retrouve confronté à son alter ego dans le film, le jeune Noah.
Ses déambulations sur les lieux du tournage mais aussi dans la ville de La Rochelle sont aussi particulièrement émouvantes puisqu’elles le confrontent et le ramènent souvent à des souvenirs d’enfance autour de sa mère et de sa grand-mère. De multiples sentiments se dégagent alors sous la plume magnifique de l’auteur, mêlant la tristesse, l’amour, la joie, la rancœur et même parfois la haine.
Je ne sais rien d’elle retrace donc à la fois la construction d’une identité et l’épopée d’un tournage. Ce récit autobiographique, inspirée par l’enfance de l’auteur est pour le lecteur un témoignage émouvant et troublant. Il est enfin aussi un superbe hommage aux femmes de sa vie, sa mère et sa grand-mère qui, au final, ont joué un rôle particulièrement important dans ce qu’il est devenu. |