Après une tournée de part le monde, une musique utilisée pour un pub coréenne de vêtements, ce jeune duo franco libanais (7 ans d’existence) revient (après Lune Electric en 2015) avec ce deuxième album au titre explicite, Blood Orange Sirup.
Pour ce nouvel opus chanté en trois langues - libanais, français, anglais - le duo est accompagné de deux claviéristes au CV bien fourni : collaboration avec Omar Souleymann, Acid Arab ou encore Rachid Taha.
Voilà un disque rock (parfois gros rock "Believe"), incisif, enchaînant les compositions bien ficelées, les riff’s de guitare très occidentaux côtoient des claviers orientaux (style dabkeh pour être précis) ; quelques morceaux plus calmes, plus blues ("Just a Woman", "Queen of the Harem") ponctuent un ensemble globalement marqué par le rock 70’s ("Aloule") et 90’s (l’un peu lourd "So Many Lovers").
Eliz, de sa voix rauque et de son chant aérien, chante des thèmes majoritairement d’actualité : qu’il s’agisse de la condition des femmes, de l’immigration ou encore de la crise écologique.
Quelques morceaux se démarquent : le funky "Khalina N Souf", "Hell in your arms" et ses excellents claviers dabkeh kurdes, "You are poetry", morceau plus ouvert, plus riche harmoniquement comme une petite accalmie avant "Cheveux denses", le bon tube dance-rock et le très accrocheur "Sarr Lezim", au thème accusateur et au chant rageur.
En fait, ce disque a le défaut de ses qualités : une envie de faire tube, une envie de séduire qui, au final séduit, mais donne aussi l’impression d’enchaîner des morceaux efficaces (enfin plus ou moins), au risque d’y perdre parfois en finesse, d’enchaîner les morceaux au fort potentiel scénique et de synchronisation plutôt que de construire un album, au sens fort du terme, avec ses pics et ses creux. Cet album fonce tout droit !
Le titre abonde d’ailleurs en ce sens : Blood Orange Sirup, un mélange, oui, mais aussi un sirop, c’est-à-dire une boisson sucrée, mondialisée, certes ce sirop est d’orange sanguine, ce n’est pas de la grenadine ! Ce n’est pas un défaut, ni un vilain mot d'ailleurs, c’est bon le sirop ; mais différent d’un alcool fort, disons.
Loin de leur en faire le reproche, il s’agit simplement de dire que ce disque risquera peut-être de décevoir les auditeurs qui viendraient y chercher de "l’authentique" ou le rock oriental de Rachid Taha ou de Couscous Clan (projet de Taha avec Rodolphe Burger) ; mais pour savoir cela, il leur faudra au moins l’écouter. Ici, la musique y est moins âpre, plus lisse, beaucoup plus sono mondiale. Et c’est très bien comme ça !
Assurément un groupe de scène aux compositions taillées pour la scène.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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