Carambolage de textes dramatiques interprété par Léa Borenfreund et Romain Cotillard dans une mise en scène de Julien Delbès. Avec "Renvervé", la Compagnie du 109 dirigée par Julien Delbès, comédien, metteur en scène et pédagogue au sein des Cours Florent, propose au spectateur une expérience originale sur le mode de l'inversion des rôles à partir de textes du répertoire, et plus précisément de leurs scènes emblématiques ordonnées autour des thématiques amoureuses.
Car du théâtre antique au théâtre moderne, de la comédie à la tragédie et de la comédie romantique au vaudeville, les partitions théâtrales entérinent la sexuation sociétale et une répartition genrée des rôles. A cette fin, il en a judicieusement confié la démonstration à deux jeunes comédiens qui furent ses élèves - Léa Borenfreund et Romain Cotillard - qui, outre de constituer un beau couple de scène dans ses diverses déclinaisons, s'avèrent talentueux.
Ils relèvent brillamment le défi et le résultat se révèle éloquent car le jeu de la séduction, l'amour, la jalousie, l'infidélité, le désir et la déception ne constituent l'apanage ni du "beau sexe" ni du "sexe fort". Dispensé sans décor ni costumes contextualisés, avec une bienvenue scansion moderne qui, toutefois, ne pâtirait pas d'un débit moins rapide, et dans un contexte interactif évolutif, le spectacle se compose donc d'un assemblage de scènes ordonnées selon un degré croissant de gravité.
Par ailleurs, l'opus est instillé d'intermèdes musicaux en résonance avec les situations théâtralisées comportant des standards américains et, surtout, le meilleur de la variété française des années 70, de Serge Gainsbourg à Johnny Hallyday en passant, entre autres, par France Gall et Michèle Torr, présenté en astucieux et efficace medley. Acteurs frégoliens, Léa Borenfreund et Romain Cotillard incarnent avec assurance toutes les variations d'affect de ce panorama des amours "des feintes ou défuntes" selon Gainsbourg et assurent un carambolage théâtro-musical aussi passionnant que réussi.
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