Le concert de ce soir au nouveau casino est anglophone. Mais anglophone ne veut pas dire forcément groupes anglais.
En première partie se présente Médi, jeune français exilé en Angleterre, avec sous le bras son premier album à venir, produit par Monsieur Dave Stewart. Inconnu en France il a pourtant tourné dans les clubs londoniens où il s'est forgé sa réputation.
La formation trio, Télécaster en bandoulière pour le leader, n'est pas sans nous rappeler celle d'un certain Jeff B. dont, d'après la bio de sa maison de disque, il a été bercé . Avec sa dégaine à la jésus, Médi ravive la flamme d'un rock ciselé. Au son clair de sa guitare, il produit une musique énergique et classieuse et chante avec une voix aux intonations soul, un peu comparable à celle d'un Chris Robinson des Black Crowes.
Le trio devient quatuor, rejoint par un sax ténor. La guitare et le cuivre s'entremêlent et se répondent fleurtant même avec un "Can You Hear me knockin" des Stones.
La salle est remplie, les techniciens s'affèrent pour changer le matériel mais quelques ennuis techniques font durer l'entracte plus que de raison.
Wraygunn est l'attraction du moment. Encensé par divers journaux, il est présenté comme une révélation. Le renouveau du rock nous venant, qui l'eût cru, du Portugal, pays pourtant plus connu pour le fado que pour le rock (comme quoi, les clichés ...).
On attend donc beaucoup de leur prestation, avec il faut bien le dire, une petite peur secrète d'être déçu.
Emmené par Paulo Furtado, il est secondé au chant par Raquel Ralha. Derrière, sa bande de musiciens est au complet : bassiste, batteur, mais aussi percussionniste, sampler, et une choriste qui est chargée d'amener une pointe soul dans ce déluge électrique et éclectique.
L'album nous avait baladé à travers un panel de styles musicaux (rock, soul, blues ...), la question est de savoir si nous allons retrouver sur scène cette folie musicale. Le sample de "Soul City" résonne, here we go !
Armé d'une Gibson SG, Paulo lance le riff. Devant ses deux micros, l'un mégaphone, l'autre normal, il chante avec parcimonie.
Davantage leader et chef d'orchestre de l'ensemble que chanteur, il parait presque timide derrière les verres fumés à la Starsky et Hutch, mais se déchaîne et mouille littéralement la chemise (cette dernière est vite retirée, laissant place aux tatouages du garçon). Bien qu'il ne possède pas un charisme fou ni une voix à tomber par terre, sa musique semble totalement le posséder. Raquel est là pour assurer les vocaux hauts niveaux, que ce soit dans le registre lyrique de "Drunk or stoned", ou soul de "Don't you know". Dans le public les gens se lâchent et dansent au sons des très dansant titres de Eclesiastes 1.11. Une énergie folle se dégage de l'ensemble rythmé au son des percussions de Joao Doce
Presque tous les morceaux de l'album sont joués auxquels s'ajoute une reprise très hardie des Kinks "You really got me" qui semble bien loin de la version des sixties.
Et quand Paulo descend de la scène ce n'est pour que mieux remonter sur le bar, et susurrer son "Baby, all night long". Plongeant derrière le comptoir, il se relève et retourne vers le public pour se frotter aux demoiselles. Le concert se termine dans une électrisation générale.
Premier rappel, Le groupe revient sur scène pour "Hip" et enchaîne "My génération" des Who. Mais on est bien loin de la version conformiste d'Oasis, qui termine également ses concerts par ce morceau.
Le groupe s'en retourne mais le public réclame encore un rappel. Les lumières se rallument et s'éteignent aussitôt.
Reviendront, reviendront pas ?? Finalement les voilà de retour, mais n'ayant plus de chansons dans leur besace (pourtant quelques morceaux de l'album n'ont pas été joués !!) ils refont avec toujours la même intensité un morceau déjà joué.
Les Wraygunn auront finalement été à la hauteur de leur discographie et auront réussi à enfiévrer tout le nouveau casino. Mais qui en doutait ?!
Setlist : Soul City/Don't you know/Ain't gonna break my soul/Keep on prayin'/Going down/Lust/How long, how long/Drunk or Stoned/Snapshot/Sometimes I miss you/She's a seed freak/You really got me/Juice/All night long/-----/Hip/My génération
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