Réalisé par Denis. Italie. Comédie. 1h44 (Sortie version restaurée le 15 mai 2019 - 1ère sortie 1962). Avec Marcello Mastroianni, Daniela Rocca, Stefania Sandrell, Leopoldo Trieste, Saro Arcidiacono, Laura Tomiselli, Renzo Marignano et Odoardo Spadaro.
C'est toujours une bonne idée de ressortir "Divorce à l'italienne" de Pietro Germi, sans conteste l'un des fleurons de la comédie à l'italienne.
Dans un très beau noir et blanc, jamais sombre même si le sujet est finalement amoral et morbide, le réalisateur montre les conséquences de l'impossibilité de divorcer et les exagère jusqu'à l'absurde puisqu'il est en Sicile et qu'il ne voit qu'une solution pour que les couples mal appairés se séparent : le crime d'honneur.
Marcello Mastroianni, qui en fait des tonnes avec la légèreté d'un danseur classique, rêve de tuer sa femme pour la remplacer par Stefania Sandrelli. On comprend donc ce qui le motive...Sauf qu'il a besoin de surprendre son épouse en flagrant délit, et qu'elle n'attire pas naturellement les amants. Il lui faudra ainsi chercher pour elle.
Avec un scénario pareil, Pietro Germi, pourtant né au cinéma dans le néo-réalisme, réussit un film constamment amusant où tout ce qui pourrait être outré, à l'instar du jeu de Marcello, ne l'est jamais vraiment.
Qui plus est, presque soixante ans après son tournage, "Divorce à l'italienne" ne paraît pas daté. Au contraire, les comédiens comme la mise en scène restent d'une grande modernité. Il n'y a jamais d'effets forcés et tout semble évident sans avoir besoin d'être lourdement démontré.
Il peut même y avoir des petits clins d'oeil sans que cela ne soit gênant : ainsi Mastroianni va au cinéma, un cinéma pris d'assaut où les spectateurs viennent avec leurs propres chaises pour voir Anita Ekberg. Eh oui Féfé, le personnage du noble sicilien incarné par l'acteur fétiche de Fellini, regarde "La Dolce vita", dans lequel bien sûr triomphe Mastroianni.
Ici, tout est à l'avenant : évident, facile, léger. La petite société du village sicilien est très bien campée sans avoir besoin de sombrer dans les clichés attendus.Ni mafia ni femmes habillées en noir mais une collectivité truculente et joyeuse qui ne cherche pas le réalisme. Rarement, on a cette sensation d'être invité dans un film, d'y habiter pendant cent minutes et d'y laisser des souvenirs dès qu'on la quitte.
Si l'on a vu "Divorce à l'italienne" de Pietro Germi quelques décennies auparavant, on s'aperçoit que l'on avait en tête les principales scènes.
Aidé par une musique à la fois typique et ironique, "Divorce à l'italienne" inaugure une nouvelle forme de comédie qui trouvera son aboutissement avec Dino Risi et Ettore Scola. On se moque des travers des uns et des autres, sans trop de méchanceté. On fixe un état de la société et on se prépare à en rire. |