Comédie d'après l'oeuvre épomyme de Hanokh Levin, mise en scène et interprétation par Matéo Cichacki, Marie Colucci et Thomas Ribière. La jeune Compagnie Les Migrants de Satin, fondée par Matéo Cichacki, Marie Colucci et Thomas Ribière forts de leur complicité née au Cours Florent, n'a pas opté pour la facilité en choisissant pour première création un opus de dramaturge israélien Hanokh Levin dont l'humour féroce cible le pathétique de la condition humaine.
Dans"Yaacobi et Leidental", il propose une variation inattendue du fameux trio vaudevillesque et décline, sous forme de fresque tragi-comique, son humour du désespoir et son incorrigible humanisme, ses thématiques récurrentes, à savoir, notamment, la solitude, la quête du bonheur, la laborieuse entreprise du mariage et les mésaventures existentielles de personnages ordinaires, médiocres et parfois méchants.
Ainsi, après de longues années de parties de dominos autour d'une tasse de thé avec son ami Leidental, Yaacobi, saisi une subite illumination, pas moins que "l'appel de la vie", et du besoin irrépressible de connaître le bonheur, décide de s'émanciper de ce rituel pour y connaître la félicité conjugale que dispenserait l'amour d'une dame artiste, mamelue et callipyge.
Bien évidemment, sa naïveté et son inexpérience le voue aux filets de la vraie fausse pianiste nommée Ruth Chahach dite "Gros-popotin" qui ve veut se caser à tout prix et aux déconvenues subséquentes avec pour témoin privilégié Leidental, qui, incapable de supporter la solitude, s'est offert en cadeau de mariage comme homme à tout faire.
Pour leur proposition dont ils assurent collectivement la mise en scène et l'interprétation, Matéo Cichacki (Leidental lunaire), Marie Colucci (Ruth pseudo-femme fatale) et Thomas Ribière (Yaacobi arroseur arrosé) ont procédé à des modifications substantielles de l'oeuvre originale conçue en trente tableaux et douze chansons, d'une part, en la resserrant, et d'autre part, en substituant à sa forme bouffonne de cabaret brechtien celle de tragi-comédie avec chansons.
Un parti-pris qui s'accommode de la jeunesse des interprètes qui, de surcroît, n'ont pas le physique de l'emploi - caricatural en l'espèce - dont la fraîcheur de jeu emporte l'adhésion. |