Biopic monologal écrit par Philippe Minyana et interprété par Raoul Fernandez dans une mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo. Dans le cadre de la série "Portraits de vie" produite par la Comédie de Caen, Philippe Minyana a pris sa plume pour tracer le biopic de l'acteur et costumier Raoul Fernandez qui a eu plusieurs vies non seulement en terme professionnel mais également dans son parcours intime.
"Oulala quelle histoire!" car sa vie est un roman, ce qui a séduit le dramaturge qui lui a donc concocté un seul en scène sur (dé)mesure - "Portrait de Raoul" sous-tiré "Qu'est-ce qu'on entend derrière une porte entrouverte ?" - pour relater le fabuleux destin qui l'a mené du Salvador, alors enfant chéri d'une mamá couturière en désir de fille, au Paris des folles années 70 où il rencontre un Raoul argentin dont il devient l'habilleur, "le Copi" qui lui révèle le travestissement identitaire.
Puis, un seigneur de la danse quand il est costumier à l'Opéra Garnier, "le Noureev", et, plus tard, un jeune metteur en scène, "le Nordey" qui l'engage comme comédien.
Grand acteur-chanteur même s'il ne figure pas en tête d'affiche mais dont il marque de sa présence les spectacles notamment ceux dirigés par Stanilas Nordey et Marcial Di Fonzo Bo, qui le dirige à nouveau en l'ocurrence, Raoul Fernandez dispense, avec cette exubérance sud-américaine teintée de mélancolie, laquelle soutenue par des standards de la chanson latine, et une réelle émotion contenue, une belle performance dans cet exercice de dévoilement de soi.
Avec son aiguille et ses gros baluchons de tissus, Raoul Fernandez, narrateur autodiégétique, coud et recoud ses souvenirs en pêle-mêle coloré et résolument joyeux en (re)jouant sa vie, et "jouer" sa vie car le paradigme du comédien n'est jamais loin.
Et puis il rend hommage aux personnes tendrement aimées et dresse une belle ode à ses métiers qu'il exerce avec une belle humilité. |