"Les Préludes constituent deux cycles à la fois très agréables à jouer en concert, et une jolie intégrale discographique. C’est un des aspects fascinants du répertoire pianistique, où les compositeurs ont laissé tant d’œuvres d’envergure. J’ai appris et joué l’ensemble des pièces lors de mes études au Conservatoire de Paris (de 15 à 21 ans) où mon professeur, Michel Béroff était spécialiste de cette musique. A cette époque j’étais obsédée par La Mer “Trois esquisses symphonique”, que j’écoutais littéralement en boucle. Je trouvais cette description du tumulte ou du calme de la mer d’une force, d’un réalisme et d’une sensualité inégalés. C’est également ce répertoire que j’ai joué à Aldo Ciccolini lors d’une rencontre peu avant sa disparition. Quand j’ai décidé quel serait le programme de mon premier CD, le choix des Préludes s’est imposé. »

Ce n’est pas par ce qu’une musique s’impose à soi que l’on sera capable de se montrer à la hauteur de cette musique. La jeune pianiste Française se montre juste exceptionnelle dans ce répertoire.

Née en 1991 à Paris, Eloise Bella Kohn commence le piano très jeune à l’école de musique Yamaha. Elle étudie au CNSM de Paris auprès de Michel Béroff, David Fray, Pierre-Laurent Aimard, Denis Pascal ou Eric Le Sage et l’harmonie et la fugue dans la classe de Thierry Escaich. En 2014 elle est nommée "Révélation classique de l’ADAMI". Son répertoire plein d’éclectisme va de Bach (Variations Goldberg...) à Poulenc (intégrale de la musique de chambre pour piano et vents) en passant par Beethoven (les dernières sonates).

Les Préludes de Claude Debussy sont deux livres de douze pièces chacun, composés pour le piano entre décembre 1909 et avril 1913. C'est en hommage aux préludes de Chopin que le compositeur français a adopté cette appellation pour ces compositions considérant chacune d'entre elles comme une œuvre à part entière. Avec certains procédés d’écriture : les échelles utilisés, les suspensions, les accords altérés, les jeux de timbres et harmoniques font de ces pièces une invitation aux voyages où l’imagination tient une grande place.

La jeune pianiste montre une parfaite maitrise technique intelligente avec une grande compréhension de la partition (aidée par ses études d’orchestration et de composition), énormément de grâce, de raffinement, de modernité dans l’interprétation, de sensibilité exquise lors des passages plus délicats et lyriques. Puissant émotionnellement (si proche donc de Debussy), mais, cette vague émotionnelle, ce tumulte reste toujours techniquement irréprochable. C'est un premier enregistrement absolument fort. Eloise Bella Kohn a certainement un très bel avenir devant elle.