Michelle Sacks est une jeune auteure qui a grandi en Afrique du Sud. Après avoir écrit un recueil de nouvelles, elle publie aux éditions Belfond son premier roman, La vie dont nous rêvions, un ouvrage envoûtant et ensorcelant, effrayant aussi par certains points qui explore avec virtuosité la complexité de la maternité, de l’infidélité et des mauvaises conduites.
L’ouvrage nous raconte l’histoire de Sam et Merry, un couple de jeunes mariés parents d’un bébé qui ont quitté New-York pour commencer une nouvelle vie dans un cottage en Suède, au cœur de la nature. Tandis que Sam tente de lancer sa carrière de réalisateur, Merry se consacre à ses nouveaux devoirs de mère au foyer.
Derrière ce tableau idyllique, le couple cache de très lourds secrets. Isolée et en proie à la dépression, Merry se sent prisonnière. Elle n’éprouve aucun amour pour son bébé et le néglige dès que Sam a le dos tourné. Ce dernier, lui, se révèle être un personnage tyrannique et menteur.
L’équilibre très relatif de cette famille se retrouve mis à mal par l’arrivée de Francesca, la meilleure amie de Merry. Dans un huis clos étouffant et toxique, l’intrigue se resserre jusqu’à l’horreur suprême.
C’est un roman psychologique terriblement addictif que nous propose Michelle Sacks. On ressort complètement bouleversé de la lecture de cet ouvrage qui, dès les premières pages, nous laisse imaginer un drame en devenir. Le tableau brossé de la famille parfaite au début de l’ouvrage nous laisse deviner que derrière ce vernis de façade se cache d’autres choses. Et c’est l’arrivée de Francesca qui va briser ce vernis de façade.
Toujours se méfier des apparences ! Telle pourrait être la morale de cette histoire proposée par Michelle Sacks.
Avec cet ouvrage particulièrement asphyxiant, Michelle Sacks a construit un triangle amoureux toxique mis en valeur par une construction machiavélique. Les trois personnages sont tour à tour narrateurs et le lecteur ne sait plus qui croire et oscille en permanence entre empathie et aversion. On se prend à détester les personnages décrits par Michelle Sacks, de par leur faços d'être et leurs actions. On a néanmoins une envie terrible de voir jusqu'où ils peuvent aller et c'est bien là la grande force du roman que de réussir à convaincre le lecteur de suivre des êtres détestables.
A l’aide d’une écriture incisive, l’auteur crée au fil des pages un malaise en alourdissant petit à petit la menace qui plane autour de ce trio. Un trio qui s'avère entretenir des relations malsaines et toxiques avec chacun des personnages qui exercent une influence néfaste sur les autres.
La vie dont nous rêvions est donc un ouvrage dérangeant sur la maternité, la violence sourde, la culpabilité, la folie insidieuse et l'amour. Il est un roman parfaitement maîtrisé qui ne vous laissera pas indemne à la fin de la lecture. |