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puce La Chasse aux papillons
Otar Iosseliani  (1991) 

Réalisé par Otar Iosseliani. France/Allemagne/Italie. Comédie dramatique. 1h55 (Sortie 1991). Avec Narda Blanchet, Pierrette Pompon-Bailhache, Alexandre Tcherkassoff, Thamar Tarassachvili, Alexandra Liebermann, Lilia Ollivier, Mathieu Amalric, Manu de Chauvigny et Pascal Bonitzer.

Comme c’est souvent le cas au cinéma, tout commence avec l’arrivée d’un train en gare. La fanfare s’est déplacée pour saluer l’arrivée d’un richissime Maharadjah, ami du notaire de la ville, qui habite un confortable château.

En face de chez lui, le château de Baïonette, habité par la propriétaire et sa cousine, et vaguement nettoyé par la peu soigneuse Valérie. Le château est régulièrement visité par une antiquaire sans beaucoup de scrupule, qui négocie les meubles en rectifiant le renard qu’elle porte autour du cou.

Autour de ces personnages, l’activité d’une petite ville de province, hors du temps, décrite avec une minutie amusée par le cinéaste géorgien. Un monde de petites habitudes où l’absurde a toute sa place. La cousine de la châtelaine utilise un arc pour pêcher, ou un aimant pour attraper les boules de pétanque, inventions aux accents keatoniens.

"La Chasse aux papillons" de Otar Iosseliani émerveille par ce goût de la trouvaille et son sens de l’humour. Les commères du village se réveillent les unes les autres par un dispositif de ficelles fixé au volet, qu’un mouvement de caméra tout en élégance suit d’une fenêtre à l’autre, avant de pénétrer dans une des pièces. Là, elle balaie une table, qu’on découvre jonchée des restes d’un manifeste festin.

Dans un lit, un homme peine à s’éveiller, et s’aide d’une petite gorgée de vodka pour se remettre de l’ordre dans les idées. Il va vomir, s’habille… d’une livrée de curé ! Ce mélange entre l’élégance de la mise en scène, la trivialité de la réalité rapportée, et l’art de décrire un personnage décalé résume bien ce film étonnant.

Dans cette galerie de portraits, on peut ajouter le notaire et son goût des belles choses. Le personnage ventripotent accueille son professeur de piano en lui faisant faire le tour de son château, commentant chacun des objets à la manière d’un guide de musée… qui fait mettre des patins aux visiteurs et lâche secrètement les chiens dès qu’on commence à toucher à ses affaires.

Cette obsession du propre, cette manie de l’ordonnancement (le notaire remet en place les statuettes déplacées malicieusement par le pianiste) contrastent avec la cacophonie qui éclate dès qu’il se met à chanter. Dans la pièce de musique, où le piano est tout aussi verni que le parquet, des oiseaux de toutes sortes sont installés dans des cages. Leur piaillement accompagne le chant du notaire, recouvert également par un domestique zélé qui partage son goût pour les trilles. Bref, un beau chahut auditif !

Ce chahut est d’ailleurs une constante dans "La Chasse aux papillons". Tout d’abord, la musique est partout, des tambours des afficionados de Krishna qui squattent les vertes pelouses de Baïonnette à la fanfare qui répète dans l’église, ou aux disques usés que la châtelaine passe en boucle sur son vieux phonographe. Le chahut naît également du chevauchement des voix : les personnages parlent souvent en même temps, dans un curieux concert de banalités.

Une autre voix est celle de la radio, où les informations sont annoncées par des jingles tintinnabulants et joyeux, qui contrastent avec les terribles nouvelles rapportées quotidiennement. Dans cet univers figé, c’est une irruption du monde réel et du présent, à travers les attentats, les meurtres, la violence et la mort.

La mort fera d’ailleurs son entrée dans le château, et avec elle, les parasites du monde contemporain. Ces parasites, ce sont la famille, une bande de veuves et de vieilles filles qui courent après l’héritage, les Japonais qui attendaient la mort de la Châtelaine pour acheter son domaine, l’antiquaire qui embarque en douce les objets précieux qu’abritent encore les vieux murs de pierre.

Dans ses murs se cachent encore les traces du passé. A la manière de Mankiewicz dans "The Ghost and Mrs Muir", Otar Iosseliani imagine un fantôme qui emporte la vieille dame. Les fantômes du passé sont ceux de la Russie tsariste, qui apparaissent parfois dans le château. Valérie, sans-gêne, s’installe dans la chambre de

Des images animées par un procédé ancien, une lunette qui permet de voir les images en trois dimensions. Iosseliani donne ainsi à voir la progressive mise au point de ce dispositif, qui doit additionner deux images aux traits flous pour obtenir la bonne photographie. Ce procédé se retrouve pour filmer les fantômes, et à travers eux, le temps. Deux images d’un même endroit se superposent, le passé retrouve le présent pour un court instant, s’incarne dans une cigarette qui traverse le temps.

Peu à peu, sous ses dehors loufoques, "La Chasse aux papillons" montre un monde qui s’effrite : une petite ville française s’ouvre aux touristes japonais qui remplacent les notables de jadis, les jetables remplacent les antiques appareils photographiques. La satire a sans doute un peu vieilli aujourd’hui, mais elle garde son potentiel comique.

Quant à la jeunesse, elle est avide, et surtout dépourvue de mémoire : dans un bel appartement parisien, l’héritière russe reste terrée entre ses photographies, cachée par sa fille derrière un rideau. On demande au vieux monde de mourir sans trop de bruit.

 

Anne Sivan         
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# 2 février 2020 : Place aux crèpes

Finie la saison des galettes, place aux crèpes. Un début d'année placé sous le signe de la gourmandise. On se régale aussi de nouveautés au théâtre, au cinéma, au musée, chez nos libraires et disquaires. C'est parti pour le programme.

Du côté de la musique :

"A fuck toute, a love tout" de Rodrigue
"Sentinelle" de Superbravo
"Juillet" de En Attendant Ana
"Brahms : Fantasien, 116, Intermezzi, 117 & Klavierstucke OP 118" de Hortense Cartier Bresson
"Ce qui demeure" de Jean Louis Bergère
Philippe Katerine était au Fil de Saint Etienne avec Eveno
"Prévert parade" de André Minvielle et Papanosh
"Everything begins" de BO
"Bretagne[S]" de Ensemble Gustave
"The underground secession" de Feu Robertson
"Whosampled.com Part 2", le nouveau mix de Listen in Bed
"Paradais" de Tito Candela
et toujours :
"Pesson, Abrahamsen & Strasnoy : Piano concertos" de Alexandre Tharaud
"Paris Beyrouth" de Cyril Mokaiesh
"Water is wet" de Theo Hakola
"Musique de chambre" de Le Noiseur
"Les identités remarquables" de Tristen
Interview avec No One Is Innocent à Saint Lô
Theo Lawrence et Mr Bosseigne au Fil
"La légende de Nacilia" de Nacilia
"C'est quoi ton nom ?" de Blankass
"Il est où le bonheur" 9ème émission de Listen in Bed
"Swin, A Benny Godman story" de Pierre Génisson, BBC concert Orchestra et Keith Lockhart

Au théâtre :

les nouveautés avec :
"Huis Clos" au Théâtre de l'Eepée de Bois
"Splendeur" au Théâtre 71 à MAlakoff
"Les Bains macabres" au Théâtre Athénée-Louis Jouvet
"Est-ce que j'ai une gueule d'Arletty ?" au Théâtre Gaité Montparnasse
"Marie des Poules" au Théâtre du Petit Montparnasse
"Uncanny Valley" au Centre Culturel Suisse
"Le Paradoxe sur le comédien" au Théâtre La Croisée des Chemins- Belleville
"Choses vues" au Théâtre de Poche-Montparnasse
"C'est bizarre l'écriture" au Théâtre Les Déchargeurs
"Mamma, sono tanto felice" au Lavoir Moderne Parisien
"François Rabelais" au Théâtre Essaion
"Rien plus rien au monde" au Théâtre de la Contrescarpe
"Aimez moi" au Théâtre Les Déchargeurs
"La Lune en plein jour" au Théâtre de la Huchette
"Olivia Moore - Egoïste" à la Nouvelle Seine
"Mudith Monroevitz" à la Nouvelle Seine
les reprises :
"Le Voyage musical des Soeurs Papilles" à la Comédie des Trois Bornes
"Fausse note" au Théâtre de la Contrescarpe
"Cyrano" au Théâtre Le Funambule-Montmartre
"La Passe imaginaire" au Théo Théâtre
"Jos Houben - L'Art du rire" à La Scala
et la chronique des autres spectacles à l'affiche

Expositions avec :

la dernière ligne droite pour "Greco" au Grand Palais

Cinéma avec :

"La Dernière vie de Simon" de Léo Karmann
et la chronique des films sortis en janvier

Lecture avec :

"Basse naissance" de Kerry Hudson
"Comment le roi à perdu la tête" de Ville Ranta
"Et Mara ferma les yeux" de Denis Jeambar
"La cité de feu" de Kate Mosse
"La septième croix" de Anna Seghers
"Les sables de l'empereur" de Mia Couto
et toujours :
"Le ciel à bout portant" de Jorge Franco
"Le prix de la démocratie" de Julia Cagé
"Les champs de la Shoah" de Marie Moutier Bitan
"Les rues bleues" de Julien Thèves
"Trois jours d'amour et de colère" de Edward Docx

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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