Écouter la musique de Martin Kohlstedt, c’est comme faire un plongeon dans la matière sonore. C’est s’abandonner à une musique contemplative, cinématique et hypnotique, à un flux (Ströme en allemand) mélodique impressionniste et néo-classique (si tant est que ce terme signifie encore quelque chose), à des jeux de couleurs, de timbres (le piano, la voix) et de fréquences (cf. le premier titre "Senimb").
Le jeune pianiste allemand, qui a touché à la musique classique et au jazz crée un processus d'interaction entre le collectif et l’artiste seul, tend un fil entre son piano, le (cœur) chœur (rien de moins que celui du Gewandhaus de Leipzig) et l’auditeur, un mince fil fragile... celui de l’intime. Pour autant, cette intimité n’empêche en rien, parfois, une certaine puissance, souvent, un souffle lyrique (sans rien d’ostensible), comme des vagues successives ("Tarleh", "Amsomb"...).
Tout en finesse et en retenue, Kohlstedt construit en plusieurs strates un paysage musical organique envoûtant et feutré, utilise une écriture souvent basée sur la répétition et la lente évolution d’un motif mélodique, pour en extraire une poétique nouvelle, où le traitement du son (et ce qu’il sous-tend : les vibrations…) semble compter plus que la forme pure, cette dense lutte entre matériau et structure. Mais c’est vers autre chose qu’il souhaite tendre, et qui apparaissait déjà dans Strom, son disque précédent : atteindre un ailleurs, tout un monde lointain, par la musique. Subordonner le son à une expérience auditive et pouvoir en jouer sur scène, car sa musique prend une autre dimension, gagne en liberté en concert.
Et même si l’on regrette qu’il délaisse certains paramètres de composition (rythmiques, formels) que l’on aime sa quête d’absolu !
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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