Antoine Albertini n’est pas inconnu pour Froggy’s Delight puisque nous avons chroniqué son précédent ouvrage, Les invisibles, qui nous avait beaucoup plu. Correspondant du monde en Corse, André Albertini se lance, après avoir consacré deux ouvrages à des enquêtes, dans le roman policier avec Malamorte, édité chez JC Lattès. Auréolé d’un bandeau alléchant qui nous promet de James Ellroy sur l’île de beauté, André Albertini réussit son pari, celui de nous proposer un polar d’excellente facture sur un territoire qu’il maîtrise parfaitement, la Corse.
Qui a assassiné une randonneuse sur le sentier des crêtes près de Bastia ? Pourquoi un homme a-t-il tué sa femme et sa petite fille avant de tenter de se suicider ? L’enquête est confiée à un capitaine de police un peu trop porté sur la bouteille, qui ne croit plus en rien depuis que l’amour de sa vie a disparu sans laisser d’adresse.
De Bastia à Ajaccio, de bars pourris en bidonvilles, le flic solitaire et sans nom va se lancer à corps perdu sur la piste de voyous, de déserteurs de la Légion et d’hommes d’affaires louches, le tout en croisant aussi son propre passé.
Le lecteur suit donc en parallèle l’enquête sur deux meurtres mystérieux concernant des femmes. Les rebondissements sont nombreux dans cette enquête pleine de surprises qui voit une gangrène mafieuse infecter quasi tous les protagonistes du livre, du vulgaire délinquant au policier en passant par certains responsables de la justice.
Les codes du polar sont parfaitement maîtrisés dans Malamorte. Albertini nous dévoile un enquêteur mal dans sa peau, en proie à l’alcoolisme avec une hiérarchie qui ne lui épargne rien. La Corse, territoire de nombreux homicides donne une dimension ultra réaliste aux deux affaires sur lesquelles le flic enquête sans jamais tomber dans les clichés qu’on a l’habitude d’entendre sur l’île de beauté. A cela s’ajoute l’expérience journalistique de l’auteur qui connaît parfaitement les ficelles du milieu en Corse pour avoir enquêter dessus.
Malamorte est donc un roman noir qui tient en haleine le lecteur facilement de par son intrigue mais surtout de par l’ambiance qu’il dégage. Parfaitement construite, au cœur d’une Corse décrite avec réalisme, l’histoire est prenante et parfaitement crédible, ce qui n’est pas toujours le cas dans certains polars. Antoine Albertini réussit parfaitement le test du premier roman qui est à la hauteur des ouvrages qu’il a précédemment écrits. |