Dystopie de Miguel Angel Sevilla, mise en scène de Nathalie Sevilla, avec les jeunes du Laboratoire à Théâtre. Pendant plus d'un an et demi, en participant au Laboratoire à théâtre, des jeunes très divers se sont mélangés pour découvrir la scène.
Pouvant souffrir de handicaps physiques ou mentaux, valides, malentendants ou sourds pratiquant la langue des signes, ils ont participé à une grande réflexion sur la démocratie, débouchant sur des improvisations où chacun s'est peu à peu créé un personnage.
Au bout de six mois est intervenu un auteur, Miguel Angel Sevilla, qui a mis en forme tout ce travail préparatoire. Dans le texte qu'il a fait émerger, chacun a pu reprendre le rôle qu'il s'était forgé.
Est ainsi né le spectacle "La Cité Idéale Radieuse et Eternelle", décrivant un pays où un dictateur, Dix Premier, règne en maître, imposant à tous le silence, interdisant la lecture et la parole, les chansons et les songes, rêvant de contrôler les esprits, fixant des normes pour les mariages...
Mis en scène par Nathalie Sevilla de la Compagnie A force de rêver, "La Cité Idéale Radieuse et Eternelle, la "CIRE", est un récit coloré, protéiforme, qui raconte comment un peuple redevient solidaire pour chasser le dictateur. vLes scènes s'enchaînent, drôles ou tragiques, sur un plateau où vont et viennent une trentaine de jeunes gens qui prennent à cœur leur statut de comédiens.
Parfois ils s'unissent aussi pour chanter dans une ambiance amicale et recueillie. Ici, le bourreau s'interroge sur sa tache et les proches du dictateur comprennent les uns après les autres qu'ils sont dans l'erreur. Dix Premier est interprété avec beaucoup de conviction et une distance jubilatoire par Pierre Boucher, par ailleurs assistant à la mise en scène.
Ponctuées par Christine Chauvin à l'accordéon, les interventions de toute la troupe se font sans réelles fausses notes, fournissant un spectacle rythmé, rapide, alternant les moments d'émotion et les séquences loufoques, si bien qu'on peut le regarder en oubliant qu'il rassemble des acteurs amateurs.
On soulignera donc le beau travail de Nathalie Sevilla et de tous les intervenants du "Laboratoire à Théâtre". On n'oubliera pas non plus le rôle majeur des équipes de la MPPA, qui ont mis à leur disposition un très beau lieu qui n'a rien à envier à un théâtre traditionnel. |