Comédie écrite et mise en scène par Hélène François, avec Ophélie Legris, Andréa Brusque, Ivan Cori et Nicolas Perrochet. Depuis les seventies hippies, le mythique retour à la terre et à la nature ne cesse de susciter, par vagues successives des "néos" aux "alters", des vocations à la migration utopique.
Ainsi pour la protagoniste de "Glissement de terrain" dont Hélène François retrace le périple dans un opus qualifié de "comédie en milieu hostile" qui s'avère aussi ambivalent que son titre.
Ne supportant plus la vie citadine et ses corollaires capitalistes, Florence, petite fille de paysans, fille de petits commerçants installés à Paris, première génération ayant fait des études supérieures sans débouchés, est atteinte du syndrome de "l'écologie pastèque".
Elle brandit la bannière de la néo-autarcie et de la transition écologique à fin personnelle, celle de vivre heureuse dans une petite maison sur mesure en pleine campagne avec son compagnon et leurs futurs enfants en cultivant son jardin.
Tout commence avec l'acquisition d'un terrain, certes constructible, mais isolé au point de n'être desservi par aucune route carrossable, ce qui augure du futur empilement de difficultés voire d'obstacles dirimants. Son rêve - et son couple - résisteront-ils aux coups de boutoir sinon du sort du moins des inerties et des revers de situation ?
L'auteure-metteure en scène Hélène François manie une plume efficace pour traiter de la thématique des illusions générationnelles et gérer avec humour le tragi-comique du quotidien dans une partition composée d'édifiants tableaux qui, sous le trait à peine caricatural, épingle tant la réalité que le principe de réalité.
Et elle assure une mise en scène dynamique dont les trouvailles suppléent largement à l'absence de décor. L'interprétation du quartet au jeu fait le reste.
Multirôles, Andréa Brusque, s'avère excellente notamment en mère désenchantée, et Nicolas Perrochet, époustouflant tant en employé municipal bas du front qu'en hobereau danseur émérite.
Ils composent l'environnement dans lequel se démènent, plutôt mollement, Ivan Cori remarquable en partenaire d'un projet qui n'est pas vraiment le sien et, avec la rage du désespoir, Ophélie Legris, parfaite en radicale empathique et émouvante pour aller "au bout de mon rêve où la raison s'achève".
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