Jambinai est une magnifique découverte musicale. On peut même l’écrire dès ce stade de la chronique : Onda est selon moi l’album de l’année 2019 en raison de sa singularité, sa richesse musicale et le torrent émotionnel provoqué par son écoute.
Il s’agit pourtant du troisième album de ce groupe sud-coréen qui, en 2016, avait même été programmé au Hellfest sur la scène de la Valley. Incroyable mais j’étais passé totalement à côté de cette pépite.
La musique pratiquée par Jambinai est la rencontre parfaite entre des instruments traditionnels et folkloriques sud-coréens et une orchestration moderne aboutissant ainsi à un style post-rock. L’inspiration se fait donc auprès de Mogwai ou Godspeed You Black Emperor mais pas seulement. Cette description est beaucoup trop simple car on y sent aussi d’autres sons comme des touches de metal, Tool notamment sur le titre "Sun.Tears.Red".
Musicalement, on retrouve donc le trio classique guitare, basse, batterie mais aussi des instruments ancestraux sud-coréens tels que le très présent haegeum (selon Wikipédia, il s’agit d’un instrument à cordes coréen traditionnel, qui ressemble effectivement à un violon avec une caisse à résonance. Il est maintenu verticalement sur le genou de l'artiste et joué avec un archet), le geomungo (similaire à une cithare) ou le piri (proche physiquement du hautbois).
Le titre d’ouverture du disque "Sawtooth" est une illustration parfaite de l’originalité de ce disque : titre instrumental fabuleux de 7 minutes avec une introduction par quelques notes de haegeum puis soudaine entrée explosive de riffs incisifs de guitare avec batterie, une pause au son plus "folklorique" et un final en déflagration sonore.
Le second titre "Square Wave" est au départ d’une approche plus classique avec la présence d’un chant féminin et une structure plus abordable avant de basculer vers un son plus violent.
La suite de l’album est une alternance de calme et d’ambiance plus tumultueuse avec des montées en puissance alternant tous types de sentiments ("In the Woods" et ses 13 minutes) finissant parfois en apothéose cataclysmique ("Event Horizon). On passe ainsi du dépouillement avec quelques notes de guitare et une voix chuchotée à un changement de rythme brutal et de puissants cris ("Small Consolation").
En tout cas, vous l’aurez compris, il ne s’agit pas de KPop ou de musique méditative fadasse pouvant servir de bande son à un magasin "nature et découverte". Cet album est une œuvre incroyable avec une richesse dans les sonorités et même dans les voix. Cette musique réussit une parfaite et rarissime osmose entre modernité et tradition. A écouter de toute urgence !