Réalisé par Luciano Emmer. Italie/France. Comèdie. 1h44 (Sortie le 14 août 2019 - Première sortie 28 novembre 1952). avec Aldo Fabrizi, Lucia Bose, Marcello Mastroianni, Hélène Rémy, Ave Ninchi, Franco Interlenghi, Henri Guisol et Henri Genès.
Quel plaisir de voir ou de revoir "Paris est toujours Paris" de Luciano Emmer ! Un Paris éternel d'il y a presque 70 ans ! Un Paris aux monuments encore noircis et pas encore ravalés par Malraux !
Un Paris où l'on voit quelques voitures à chevaux et presque autant de vélos que d'autos... Un Paris où les touristes viennent chercher les clichés... et le trouvent, avec des Parisiens encore aimables, qui disent "bonjour" et "pardon", des chauffeurs de taxi qui peuvent "inviter" le client fauché à s'asseoir à côté d'eux pour le ramener gratuitement (sic) à son hôtel...
Quel plaisir aussi de découvrir le tout jeune Marcello Mastroianni se chamailler avec sa fiancée, la pourtant si douce Lucia Bose, et découvrir un Paris dont il sera plus tard l'un des habitants et où on pourra le croiser bien plus souriant au détour de la rue des Canettes ou aux alentours de Saint-Sulpice...
Dans "Paris est toujours Paris" de Luciano Emmer, une bande d'Italiens vient voir un match de foot France-Italie et passer un week-end dans la capitale française. Louvre, Prix de l'Arc-de-Triomphe, "Paris by night", Notre-Dame de Paris, on suit le parcours obligé des touristes de tous les pays et les vagabondages de ceux qu'une bonne ou une mauvaise fortune éloigne du troupeau qui suit le guide.
Film choral avant l'heure, dans un Paris merveilleusement filmé par Henri Alekan, "Paris est toujours Paris" est plein de surprises poétiques et farfelues. On y voit même Yves Montant chanter... "A Paris".
Première incursion italienne hors de ses frontières et du néo-réalisme, le film n'oublie cependant pas de décrire des personnages dans la dèche, comme l'ami italien d'Aldo Fabrizi qui vit en France et qui prétend y avoir réussi.
Enfermé dans sa bouteille, dans laquelle il déambule pour faire de la pub pour une eau minérale, il fait basculer "Paris est toujours Paris" au-delà de l'anecdote. Le couple Ave Ninchi-Aldo Fabrizi donne aussi beaucoup d'humanité à ce qui n'aurait pu être qu'une balade dans un Paris de cartes postales.
La goguette des transalpins est ainsi une belle leçon de vie et une preuve supplémentaire que Luciano Emmer était un scénariste-cinéaste aussi intéressant qu'attachant.
Oui, franchement, on prendra beaucoup de plaisir en compagnie de ce petit monde franco-italien bien campé dans ce film populaire parfait pour une séance de cinéma en plein mois d'août parisien... |