Comédie dramatique de Brian Friel, mise en scène de Gaëlle Bourgeois, avec Nicolas Bresteau, Pauline Cassan (en alternance Mathilde Roehrich), Emilie Chesnais (en alternance Caroline Stefanucci), Bruno Forget, Pauline Gardel, Vincent Marguet, Céline Perra et Jennifer Rihouey. Irlande - été 1936. La vie souvent difficile mais aussi piquante de cinq soeurs aux caractères différents et bien trempés qui réussissent tant bien que mal, grâce à leur courage et à leur sororité, à affronter la vie dans la maison familiale dans ce coin reculé de la province.
Il y a aussi l'oncle, le Père Jack revenu d'Afrique, le fantasque Gerry, le père de Michael qui revient régulièrement à l'improviste et Michael, l'enfant, qui observe tout et fabrique des cerfs-volants.
C'est lui qui raconte en flash-back cette période. Entre narration, scènes intimes et de groupe, "Danser à la Lughnasa" évoque en tableaux émouvants le quotidien de ces femmes qui rêvent toutes, à l'exception de l'ainée Kate, l'institutrice, d'aller danser à la Lughnasa pour le bal des moissons.
Alors que l'ère de la mécanisation arrive, les soeurs vont sans doute se séparer et prendre leur envol. C'est toute cette période, alors qu'elles sont encore réunies, qui est montrée par le talentueux auteur irlandais Brian Friel avec drôlerie et délicatesse dans une pièce empreinte d'un charme suranné qui développe tranquillement sa chronique familiale et ses personnages attachants.
Gaëlle Bourgeois dirige, autour d'une très belle et épurée scénographie, avec finesse et précision une équipe de comédiens soudés et irréprochables qui traduisent avec talent les rapports et les espoirs de cette famille irlandaise à l'aube de la révolution industrielle.
C'est touchant et l'on suit avec intérêt ce portrait de groupe d'une vibrante authenticité dont on apprécie également tout le travail corporel (avec l'aide précieuse à la chorégraphie de Yana Maizel).
Toutes les comédiennes sont fabuleuses : Emilie Chesnais, en alternance avec Caroline Stefanucci (émouvante Maggie), Pauline Gardel (pétillante Christina), Céline Perra (remarquable Kate), Jennifer Rihouey (très juste Agnès) et Pauline Cassan (en alternance avec Mathilde Roehrich), bouleversante Rosie.
Tandis que chez les hommes, Nicolas Bresteau est parfait de légèreté et de charme en Gerry. Bruno Forget interprète Jack avec tendresse et Vincent Marguet s'avère aussi touchant en narrateur qu'en enfant.
Une belle réussite pour cette pièce chorale qui fait entendre avec nostalgie les voix des femmes aux espoirs brisés, rythmée par un vieux poste de TSF. |