Spectacle de théâtre musical conçu et mis en scène par Macha Makeïeff, avec Geoffrey Carey, Caroline Espargilière, Vanessa Fonte, Clément Griffault, Jan Peters, Geoffroy Rondeau et Rosemary Standley.
Comme à son habitude, dans ce spectacle autour de Lewis Carroll, Macha Makeïeff s'est impliquée totalement, à commencer par les décors et les costumes.
A la différence des "Femmes savantes" et de "La Fuite", elle n'a pas adapté une œuvre précise et, en compagnie de Gaëlle Hermant, elle a écrit quelque chose d'hybride, où l'auteur est confronté à son personnage.
Ce n'est donc pas "Alice au pays des merveilles" suivi de "L'autre côté du miroir" qui va être strictement et chronologiquement décliné. Alice sera à la fois la fillette des deux ouvrages et la vraie Alice, c'est-à-dire Alice Liddell, celle qu'aimait photographier le révérend Charles Dogson dont le nom de plume sera Lewis Carroll. Celui-ci sera constamment là et le lapin blanc ne sera pas forcément le fil conducteur.
D'une beauté formelle impeccable, avec le "plus" magique que lui apportent les lumières subtilement élaborées de Jean Bellorini, "Lewis versus Alice" ravira les yeux, laissera au spectateur le souvenir d'un plateau où il se passe constamment quelque chose.
Capharnaüm parfois hyperréaliste d'objets hétéroclites, avec des oiseaux empaillés, des miroirs et une grande maison de poupée dont le premier étage est à lui seul une autres scène, l'espace où se déroule la pièce est d'une richesse rare.
Sans compter la présence d'un piano dévolu à Clément Griffault qui accompagne avec un beau toucher les prestations toujours inspirées de Rosemary Stanley, par ailleurs jouant une reine de cœur aux relents de Cruella d'enfer.
Tout cela nourrit un spectacle porteur d'images bien entendu tirées des romans (comme le duo célèbre "Humpty Dumpty"). Cependant, même si Geoffrey Carey pétille en Lewis Carroll, dont on ne cache pas la part d'ombre, qu'Alice (Vanessa Fonte) peut virer Lolita et pratiquer le pole dance pendant que le reste de la troupe (Caroline Espargillère, Jan Peters et Geoffroy Rondeau) peut se grimer en duchesse ou revêtir des têtes d'animaux, l'esprit foncièrement absurde d'"Alice" ou de "La Chasse au Snark" peine à faire rire.
Macha Makeïeff n'a pas totalement réussi à franciser le non sense anglais. Ce n'est pas la première à s'y casser les dents.
Reste un très beau spectacle qui manque d'une petite étincelle de folie pour qu'Alice et Lewis soient de nouveau unis au pays de leurs merveilles par les vertus de l'humour et de la fantaisie.
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