"Sax pax For A Sax sounds like a nostalgic big band on laughing gas." David D. Duncan

Inconnu ou presque il y a encore quelques années, Louis "Moondog" Hardin, musicien atypique et compositeur talentueux, clochard céleste, viking aveugle, sans-abri dans les rues de New York, apprécié, admiré par des musiciens comme Benny Goodman, Dave Brubeck, Dizzy Gillespie, Charles Mingus ou Philip Glass connaît une reconnaissance grâce notamment à Amaury Cornut et des projets comme ceux de l’Ensemble O, de l’ensemble Minisym, de Moondog Madrigals... Entre "classique", pop et jazz, avec ses rythmiques parfois tribales, à la frontière du savant et du populaire, la musique si personnelle de Moondog est une base idéale pour travailler des arrangements dessus.

Plus qu’une simple relecture, c’est une véritable mise en son, en timbre de cette musique que David Haudrechy et son très bel ensemble d’une douzaine de musiciens (saxophones, flute, trompettes, percussions, trombones...) nous donne avec ce Sax pax For A Sax Remix, avec des morceaux tirés de Sax pax For A Sax disque enregistré initialement par le compositeur Américain avec le London Saxophonic pour Atlantic Records en 1994.

Pas une pâle copie donc, ce qui n’aurait pas grand intérêt, mais une réappropriation qui permet de donner une autre, une nouvelle dimension de nouvelles couleurs à cette musique sans en dénaturer l’essence même (cette écriture si particulière se construisant autour d’une mélodie). Alors c’est un tourbillon de sons et de rythmes, de canons et de fugues. Les arrangements sont pertinents (mention spéciale pour "Bird’s Lament" ou "Sandalwood" qui nouent la gorge, "Paris", "New Amsterdam" qui se teintent d’une certaine gravité (avec des couleurs que David Haudrechy affectionne particulièrement rappelant l’album Dark Wave)...), sonnent particulièrement juste (on ajoutera un son plus moderne) avec une réelle ampleur laissant la place à des chorus, de l’électronique et gagnent en profondeur. Le tout avec d’excellents musiciens. Un très beau disque, et un seul regret, une pointe de jalousie : ne pas avoir été là lors du concert qui a servi pour l’enregistrer.