Seul en scène d’après Les Chants de Maldoror du comte de Lautréamont conçu, mis en scène et interprété par Benjamin Lazar. "Les Chants de Maldoror" du Comte de Lautréamont, pseudonyme littéraire de Isidore Ducasse, constitue l'oeuvre majeure, atypique et unique ressortant au romantisme noir d'un vingtenaire qui semble déjà revenu de tout, du monde comme de l'homme, et n'atteindra pas sa 25ème année.
Pourfendeur d'un Dieu qui a créé une vermine, l'homme assimilé à la figure ultime du mal qui se repaît d'un sadisme sans limite, il combine l'épique et le sublime dans poème dramatique qui délivre sa vision métaphysique du monde à travers les infernations d'un alter ego fictionnel nommé Maldoror.
Délire d'un esprit illuminé ou opération de démystification violente et radicale de Dieu et de la nature humaine pour provoquer la stupéfaction du lecteur, l'auteur présentait la partition écrite en 1869 par un avertissement liminaire : "Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger".
Pour composer son "Maldoror" dont il est l'interprète et le metteur en scène, le comédien Benjamin Lazar a sélectionné des morceaux choisis, dont ceux plus connus relatifs à la tempête, à la maison close et à l'accouplement monstrueux et destructeur avec un alter ego qui aurait la forme d'une femelle requin.
Ceux-ci sont dispensés dans une scénographie minimaliste de Adeline Caron et John Carroll, un lit fleuri au milieu d'un plateau vide, des images vidéos "expérimentales" du cinéaste Joseph Paris et un habillage sonore et musical conçu par Pedro Garcia-Velasquez et Augustin Muller qui installent une étrange atmosphère de surréalité. Benjamin Lazar délivre des chants de Maldoror placés non dans le champ du romantisme satanique ou de la méchanceté sublimée mais de l'onirisme baroque au terme d'une belle performance d'acteur et d'une stupéfiante et hallucinée incarnation du héraut maudit.
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