Lecture musicale du texte "De profundis" de Oscar Wilde par Michel Voletti et Mickaël Lipari-Mayer au piano avec la complicité musicale de Pascal Amoyel. Pendant la réclusion pénitentiaire suite à sa condamnation pour moeurs outrageantes liées à sa sexualité uranienne, l'écrivain, poète et auteur dramatique Oscar Wilde rédige une longue lettre au fameux Bosie, sujet de son amour et de son tourment et cause de sa ruine financière, de son infamie publique et de sa stérilité intellectuelle, qui fera l'objet d'une publication posthume sous le titre "De Profundis".
Pour la délivrer sur scène, et en assurant la traduction et l'adaptation de l'échevelé opus original, le comédien Michel Voletti a composé une partition inédite qui s'avère d'autant plus intéressante qu'elle repose sur une dualité combinatoire.
En effet, elle opère comme le récit de la liaison tumultueuse entre l'intellectuel dandy et esthète au faîte de sa notoriété et un giton "belle gueule" vaniteux, veule et inculte se faisant appeler le Prince Fleur de Lys qui l'a instrumentalisé dans sa lutte haineuse contre son père.
Par ailleurs, illustrant la sentence pascalienne sur le coeur et la raison, elle constitue une analyse circonstanciée - et édifiante - de la passion amoureuse destructrice.
Si Oscar Wilde est indéfectiblement un amoureux sous influence, ce n'est pas d'un amour aveugle mais terriblement lucide non seulement quant à la médiocrité tant humaine qu'intellectuelle de l'être aimé que sur son incapacité à s'en détacher qui évoque l'assujettissement induit par la relation avec un pervers narcissique.
De plus, Michel Voletti s'affranchit du registre monologal dédié pour les oeuvres épistolaires et y substitue celui qui fit florès dans les salons proustiens, la lecture musicale avec la participation de Mickaël Lipari-Mayer et la complicité de Pascal Amoyel.
Jeune pianiste émérite, Mickaël Lipari-Mayer interprète des pièces de Chopin, compositeur de prédilection d'Oscar Wilde, ainsi que de compositeurs en résonance tels, entre autres, Schumann et Schubert, lesquelles officient comme accompagnement du texte ou intermède.
Sous les lumières crépusculaires d'un plateau quasiment nu, Michel Voletti porte de manière exemplaire le verbe wildien en ne versant ni dans l'incarnation, ni même dans le jeu, se voulant modestement "un passeur de mots". Mission accomplie dans tous les sens du terme. |