Avec l'exposition "Vampires - De Dracula à Buffy, la Cinémathèque française propose d'explorer la figure du vampire telle que déclinée en Occident en Europe et à Hollywood, son homologue asiatique ayant été présenté en 2018 dans la monstration pluridisciplinaire "Enfers et Fantômes d'Asie" au Musée du Quai Branly
Matthieu Orléan, conseiller artistique chargé des expositions à la Cinémathèque française, qui en assure le commissariat, indique avoir conçu la monstration comme "un cabinet de curiosités pop" articulée autour du cinéma et des séries télévisées tout en incluant une mise en résonance avec histoire de l'art. Il en résulte un parcours judicieusement scénographié par l'Atelier Maciej Fiszer qui repose sur la polysémie et le dualisme de la figure du vampire illustré par de nombreux extraits de films, des affiches, costumes, dessins et costumes ainsi que d'oeuvres d'art. Le vampire, entre effroi et fascination, de l'horreur au grotesque
Ressortant au genre du film d'horreur et de la catégorie "Morts vivants", le film de vampire a fasciné tous les réalisateurs, du plus obscur au plus reconnu, et tous les acteurs dont les têtes d'affiche notoires, et a été traité selon tous les registres, du drame à la parodie en passant par l'érotique, le poétique et même le romantique.
A la présentation chronologique qui, éventuellement, mettrait en évidence une corrélation entre la représentation de la figure du vampire et le contexte sociétal, le commissaire a choisi un appariement en fonction du caractère attribué à ce personnage soit un parcours en cinq sections.
Tout commence avec la littérature gothique de la fin du 19ème siècle et les illustrations de Gustave Doré pour "L'Enfer" de Dante qui réactive le mythe du vampire déjà décliné par Goya dans le les estampes de sa série "Les Caprices" dont est présenté une sélection et inspire à Friedrich Wilhelm Murnau son "Nosferatu", chef d'oeuvre du cinéma expressionniste allemand.
Puis Tod Browning pour "Dracula" dont le baiser du vampire est customisé par Andy Warhol ("The Kiss") et Urs Fischer ("The Waves").
A ces vampires "historiques" et ses interprètes légendaires tel Béla Lugosi et, pour la version féminine, en femme fatale au sens premier du terme, l’actrice Theda Bara surnommée "la première vamp", succède le vampire poétique, bourreau et victime de sa différence biologique immortalisé par le "Nosferatu" de Werner Herzog avec le magnétique Klaus Kinski.
Si le vampire fascine par sa mélancolie, son fantastique pourvoir de séduction se traduit également par l'érotisme dégagé par un vampire séducteur quand il a les traits séduisants de Christopher Lee, de Tom Cruise ou de Gary Oldman dans le "Dracula" de Francis Ford Coppola Costumes de "Eiko Ishioka" pour le Dracula baroque de Francis Ford Coppola et ses magnifiques costumes créées par la célèbre costumière japonaise Eiko Ishioka.
Séduisant ou repoussant, l'archétype du vampire suceur de sang symbole de la vie est souvent utilisé de manière métaphorique dans le dessin de presse pour caricaturer, entre autres, les politiciens et les capitalistes.
Et Matthieu Orléan y associe des oeuvres d'artistes contemporains considérés comme transgressifs dont
pour laquelle sont réunies des oeuvres d'artistes considérés comme transgressifs tels Niki de Saint Phalle. ("Autel - Tombeau vampire") et Jean-Michel Basquiat.
La figure du vampire érotique intervient également dans l'espace homoérotique masculin avec le tableau "Dante et Virgil aux Enfers" de William Bouguereau et féminin avec les huit sérigraphies de la série d'illustrations réalisées par Léonor Fini pour le roman fantastique "Carmilla" de Sheridan le Farnu.
Enfin au rayon "Vampires Pop", le vampire essaime sur tous les supports : télévision bien évidememnt mais aussi bandes dessinées, mangas, dessins animés et publicité.
Et à ne pas rater les deux des boites "Vampire Studios" ("Le Salon
d’Anna Freud", "Armoire à glace") réalisées par le peintre, sculpteur et cinéaste, Charles Matton qui a développé une technique d'élaboration d'espaces miniatures à l'inquiétante étrangeté, l'autoportrait de Cindy Sherman qui transforme en goule la Judith de l'épisode biblique de la décapitation d'Holopherne, et les deux œuvres créées spécialement pour l’exposition "Self-Portrait As a Vampire" de Claire Tabouret et "Fuck the Facts" de Wes Lang.
Et comme toujours, de nombreux événements sont organisés autour de l'exposition dont un cycle filmique riche d'une soixantaine de films.tournés entre 1915 et 2018. |