Voilà encore un ouvrage très original publié par une maison d’édition pleine d’audace qui n’hésite jamais à nous proposer des textes originaux venant d’auteurs plein de talent. A chaque fois que je lis un ouvrage publié chez Quidam éditeur, je découvre un auteur et je termine enthousiasmé par ma lecture. Ce Danses du destin ne déroge donc pas à cette règle que je souhaite bien entendu continuer.
L’ouvrage est écrit par un certain Michel Vittoz, auteur de plusieurs romans que je n’ai jamais lus, Oedipe à Paname et La conversation des morts notamment. Danses du destin, son nouvel ouvrage me permet d'entrer dans l'univers particulier de cet auteur, complexe et exigeant qui dévoile au final un texte puissant ayant comme toile de fond la Seconde Guerre mondiale et la résistance.
"J'ai tiré, il est tombé dans le caniveau. Je me souviens du bruit, sourd. Un sac de terre sur le pavé. Je ne savais même pas qui c’était. Après je lui ai encore donné des coups de pied. La haine. Je ne croyais pas que c'était possible, haïr à ce point, haïr un inconnu qu'on vient de tuer. Haïr un mort. Je ne sais pas combien de fois il aurait fallu que je le tue pour cesser de le haïr. Mes coups de pieds l'ont fait rouler jusqu'au bord du quai. Il est tombé dans le canal entre deux bateaux. Je l'ai vu disparaître dans l'eau noire"
JE tue mon père sans le savoir. TU veux comprendre pourquoi. ELLE, IL devait la tuer. NOUS n'en savons pas plus. VOUS non plus. ILS se demandent ce qui a bien pu se passer.
Vous l'avez compris, l'histoire au départ tourne autour d'un homme qui tue un autre homme sans savoir qu'il vient de tuer son père, père qu'il croyait mort depuis bien longtemps. Ce JE, celui qui tue son père, c'est Nathan, le TU c'est Jacob, son père, un ancien résistant devenu flic après la guerre. ELLE, c'est Fannie, la sœur de Nathan, assassinée avant la mort de Jacob. Un air de vengeance se devine pour le lecteur sans savoir par qui et pourquoi.
Les pronoms personnels, très présents dans l'ouvrage et qui font son originalité sont la plupart du temps les titres des différents chapitres, nous donnant une indication du point de vue adopté par le narrateur. La petite histoire rencontre la grande histoire, les souvenirs enfouis remontent à la surface : la Seconde Guerre mondiale, la résistance et la Shoah.
Faire le résumé de ce livre est autant complexe que la construction de l’ouvrage. Lire cet ouvrage est une véritable expérience littéraire qui nécessitera de tenir bon les quarante premières pages pour comprendre ensuite où veut en venir l’auteur et comment il veut y venir.
Une fois lancé dans le livre, la lecture devient vite addictive et précieuse, on s’adapte alors à la construction déstructurée des chapitres qui dévoile une véritable prouesse d’écriture que l’on n’imaginait pas au début de l’ouvrage. On arrive alors très rapidement vers la fin de l’ouvrage, totalement fasciné par ce que l’on vient de lire, ne correspondant pas du tout à nos lectures beaucoup plus classiques. |