Comédie dramatique écrite et mise en scène par Cliff Paillé, avec Lyne Lebreton et Romain Arnaud-Kneisky.

 Johanna Van Gogh, veuve de Théo Van Gogh et belle-soeur de Vincent, reçoit un beau jour une lettre d'un certain Emile Bernard, qui se dit être un ami de Vincent et souhaite à tout prix exposer les toiles du peintre détenues par celle-ci. Mais qui est-il réellement et quelles sont ses vraies motivations ?

Une correspondance débute alors entre les deux. Johanna oppose au désir de Bernard, le souhait d'intimité de Vincent. Emile Bernard devra alors faire preuve de persuasion pour la convaincre. Une brillante discussion s'engage...

Sur scène, une scénographie des plus épurées : à gauche, Emile Bernard sur un coffre en bois. A droite, Johanna Van Gogh sur un fauteuil. Devant elle, disposées sur le sol, des piles de lettres en arc de cercle. C'est la correspondance du peintre et de son frère, conservée par Théo, qu'elle relit pour comprendre.

"Madame Van Gogh" de Cliff Paillé explore avec une grande originalité, à la façon d'une enquête, les relations entre Vincent Van Gogh et ceux qui l'ont côtoyé. A partir de témoignages et de ses lettres, elle brosse un portrait touchant de l'homme. Très documentée, on y sent l'amour de l'artiste et de son oeuvre.

Elle permet, avec ces deux personnages, d'appréhender différemment la personnalité de Van Gogh. Elle confronte Emile Bernard, à l'ironie mordante, interprété par l'excellent Romain Arnaud-Kneisky qui lui donne une vraie complexité ainsi qu'une grande sensibilité, à une Johanna Van Gogh lucide et entière à qui Lyne Lebreton apporte beaucoup de charme et d'émotion.

La mise en scène de Cliff Paillé se passe de réalisme pour restituer le style de Vincent tout en sensations et poésie. Et diriger avec subtilité ce bouillonnant et palpitant échange entre humour et passion. 

"Madame Van Gogh", imprégné complétement du peintre, livre un très beau moment sur ses traces dans une ambiance où, entre projections de ses oeuvres et récit de certaines anecdotes de sa vie, se déroule un brillant et passionnant face à face entre deux personnages proches de lui et de son travail. C'est magnifique.

Une incontestable réussite qui conjugue avec bonheur l'art et la poésie.