Quiconque écoute la musique de Francoeur sera tenté de s’interroger : est-elle amazone ? Est-elle conteuse ? C’est que l’artiste et son personnage ont de quoi surprendre. Son deuxième EP, D’où vient le Nord ?, réalisé par Philippe Paradis est une invitation au pays de la mélancolie lumineuse. Un oxymore qui résume parfaitement sa musique et ses textes.

Francoeur fait voler les clichés en éclat. Avec elle, les étiquettes n’existent plus. Elle aime la chanson française, elle fait de la pop. Son instrument de prédilection attire notre attention : elle s’accompagne à la harpe. Dépouillée, mise à nue, enveloppée de subtiles nappes sonores, Francoeur assume ce parti pris, celui qu’elle aimerait dépoussiérer l’image que l’on se fait de la chanson et de la harpe. Les sonorités, oniriques et aquatiques, convoquent ce qu’il y a de plus intime en chacun de nous : notre part de rêve.

Francoeur nous montre aussi qu’on peut parler de sujets mélancoliques sans être plombant. Ses textes évoquent ces petites casseroles que l’on traîne depuis l’enfance, nos peurs intérieures. Certains de ses titres sont des variations autour des couples qui se forment et se déforment. "D’où vient le Nord" est un hommage à ces rencontres amoureuses qui bousculent nos certitudes. Sur d’autres titres, Francoeur nous dévoile ses révoltes, retrace l’histoire d’un migrant à la poursuite d’une inaccessible terre d’accueil.

D’où vient le Nord, c’est enfin la collaboration étroite et complice avec Philippe Paradis qui apporte à Francoeur sa sensibilité électro en y ajoutant des touches dansantes et aériennes. Ensemble, ils font de cet EP un disque plein de vie et de nuances, permettant à Francoeur de concilier son amour de la chanson française mélodique à la fougue d’une Aurora ou d’une Bat fot Lashes.