Comment raconter ces 41ème Rencontres Trans Musicales de Rennes en quelques lignes ? Comment résumer plus de 80 concerts, avec des musiciens d'une cinquantaine de pays et des découvertes par dizaines ? La tâche est impossible et nous nous consacrerons à nos coups de coeur du week-end.
Après une première soirée d'ouverture à l'Ubu, place au gros morceau du long week-end avec les premiers concerts au Music-Hall dès le jeudi.
Les grèves compliquent les arrivées, décalent les trains et les hangars se retrouvent un peu trop vides.
Trop vides mais le moment est idéal pour profiter au mieux de l'excellent concert de Ben Shemie et sa pop électronique dans la grande Greenroom qui sera bondée les deux autres soirs.
Seul sur le podium, entouré d'amplis guitares sur lesquels il provoque des larsens remodelés avec une voix vocodée, c'est de loin la grande découverte de cette soirée qui avait commencé avec un shaman rockeur irlandais, le groupe Tau juste avant Art Melody et son hip-hop rauque burkinabé.
Variété de plaisirs malgré un sérieux manque de public. Le hall 9 n'est pas encore ouvert et il est encore facile de se déplacer. Ce sera moins simple de bouger dès le lendemain.
Deuxième jour, le plus dense en découvertes pop-rock dès le premier concert avec les fous belges de Shht, rockeurs inclassables qui mélangent le chaud et le froid dans ce hall 3 plus rempli que la veille et se permettent une reprise démentielle de Queen mi-metal mi-pop.
La suite du programme sera aussi insolite avec les très attendues Los Bitchos, cinq filles en rock instrumental mi-surf mi-chicha péruvienne comme un mélange insensé entre Messer Chups et les Spice Girls.
C'est foutraque, pas toujours juste, très alcoolisé mais totalement irrésistible. Les spectateurs ne s'y trompent pas et le hall est bondé pour la première fois du week-end.
Juste le temps de découvrir la grande salle 9 pour assister à l'autre concert événement du week-end, celui des Russes de Shortparis, sensation cold wave du moment.
Mélangeant électro, danse et froid de l'est avec une imagerie sombre et violente dans les clips, le groupe réussit son passage à la scène avec un concert captivant de bout en bout tenu par un chanteur habité, tout de rouge vêtu.
Pendant ce temps, le premier groupe taïwanais à jouer aux Trans en 41 ans, Go Go Machine Orchestra, délivre son post-rock à-la-Tortoise dans le Hall 8. Moment de grâce et de calme avec des envolées de guitares dans une orchestration électronique de tout premier ordre.
Après la déception des Megative, sorte de sous-Madness hip-hop, retour au Hall 9 pour la performance d'Edgar, artiste brésilien engagé pour l'écologie et la sauvegarde de son pays. Ecran géant avec des vidéos tantôt sérieuses tantôt délirantes, déguisements multiples et un électro hip hop où il passe d'une scansion rap à un spoken word presque féminin.
Petite déception d'avoir raté la surprise pop-metal de Sun mais nul doute qu'ils seront de nouveau sur d'autres scènes tout au long de l'année.
Le troisième jour au Music Hall, le samedi, est habituellement plus électronique que les autres. La soirée affiche complet, comme le prouvera la foule incroyable à l'excellent concert d'Acid Arab un peu plus tard dans la nuit.
On commence toutefois comme d'habitude avec le Hall 3, le plus rock, Wunderbar en DJ avec une playlist qui fait attendre avec plaisir les anglais de Mush dont quelques soucis matériels gâcheront un peu le très bon concert. Ils étaient attendus, ils feront sûrement beaucoup mieux la prochaine fois.
Au milieu des DJ et autres musiciens électroniques se cacheront tout de même quelques perles ce samedi, le groupe Yin Yin des Pays-Bas qui se permet le luxe de jouer une musique traditionnelle d'Asie du Sud-Est. Guitare à double manche, instruments exotiques pour ce rock psychédélique à ne pas manquer.
Et traditionnel toujours, San Salvador, ensemble de chants polyphoniques, viendra conter en langue occitane un folklore imaginaire. La nuit n'est pas finie, le Hall 9 plein à craquer résonne des sons orientaux de la brochette de DJs d'Acid Arab et de leurs invités.
Cette année encore, les Rencontres Trans Musicales ont tenu leurs promesses. Le mélange, la découverte et encore et toujours toutes les musiques.
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