Contemporain de Bach, Haendel ou Vivaldi, Telemann (1681-1767) célèbre en son temps, il était considéré à son époque comme le plus grand compositeur allemand, sa réputation dépassant très largement celle de Bach par exemple, tomba au fil des années dans un relatif oubli. Une "star" donc souhaitant indéniablement avoir du succès et coller au plus près de l’esthétique de son époque sans renier une écriture pointue, ingénieuse, séduisante et imaginative, sans oublier la pratique amateur, ce qui était extrêmement rare, en composant des œuvres faciles à jouer. Il était également précurseur dans l’organisation des concerts publics payants et pour la protection des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle.
Son corpus est extrêmement important parmi les plus importants de tous les compositeurs (environ 6000 œuvres) et naturellement toutes ses pièces ne sont pas d’égale valeur, certaines étant plus intéressantes que d’autres. C’est le cas de ces six sonates pour violon et clavecin écrites à Frankfurt en 1715 et dédiées au Prince Johann Ernst de Saxe-Weimar de qui le compositeur désirait certainement obtenir des faveurs. Qu’est-ce qui a poussé Georg Philipp Telemann à partir vivre à Francfort ? La mort prématurée de sa femme en 1711 ? Sa volonté de ne plus endosser son rôle contraignant de maître de chapelle et premier violon à la cour de Johann Wilhelm Von Sachsen à Eisenach ? Son envie de stabilité et de liberté dans une république ?
Ces 6 sonates sont indubitablement riches, inventives, élégantes et correspondraient à six vertus : la beauté de l’âme, la bonté de cœur, la vivacité de l’Esprit, la manière glorieuse, la modestie et la pénétration de l’Esprit. Elles offrent une réelle diversité de styles et d’influences : le style à l'italienne des Sonates 1 et 5, la musique française dans les Sonates 2 et 6, une musique traditionnelle polonaise dans les Sonates 3 et 4.
L’interprétation de Gottfried von der Goltz mais également du continuo : Annekatrin Beller (violoncelle), Torsten Johann (clavecin) et Thomas C. Boysen (théorbe) est alerte, limpide et pleine d’enthousiasme. Elle est chargée d’émotion, en adéquation donc avec la musique de Telemann... |