La French Touch (Bob Sinclar, les Daft, Etienne de Crecy) se meurt tranquillement, comme un éléphant qui aurait fait son temps.
Le rock revient, comme un boomerang. Ca valse et ça tangue. On voudrait croire que les albums se créent dans les bureaux marketing, en fonction des modes annoncées pour vendre en tête de gondole.
Et qu'il suffit de sampler un riff de batterie de John Bonham pour faire de l'électronica ambient. On oublie souvent que les meilleures compositions viennent souvent de loin. Loin des styles, loin des courants, loin des influences et des étiquettes. Comme une bouffée d'air frais dans un pièce trop enfumée.
Boards of Canada ne vient pas du Canada. A l'écoute de The Campfire Headphase, on imagine l'écosse d'où ils viennent : ses plaines désertes et ses lacs profonds. Le vent qui souffle. En un mot comme en cent, Boards of Canada reste musicalement inclassable. La déformation journalistique poussant à coller des étiquettes, l'auditeur penserait d'office à Aphex Twin, Air, Eno. Autant de superlatifs qui ne parviennent à résumer la perle électronique de l'année.
Peut-on seulement parler d'électro à l'écoute de "Chromakey Dreamcoat", avec ses arpèges de guitares downtunés ? Simplicité de la mélodie, couches de synthés atmosphériques qui ouvrent les portes de la perception...
The Campfire Headphase commence sur une claque dépoussiérant l'électro de ces cinq dernières années. De par leur sens de la mélodie tout d'abord, si rares chez leurs voisins. "Peacock Tail", justement, et ses vagues en fond qui vont, qui reviennent ; toujours cette guitare obsédante et cette impression que chaque plage est conçue comme une histoire, une ouverture lumineuse. Plus concis que "Geogaddi", sûrement moins sombre aussi, The Campfire Headphase séduit par sa concision. Coupée sur le fil sur le fil du rasoir, chaque chanson trouve son identité.
"Daivan Cowboy". troublant comme Boards of Canada parvient à faire chanter ses batteries, véritables mélodies frappées. Envoûtantes. A la limite de la transe new age, bien au dessus de Enya et consort.
Comme sur "84' Pontiac dream" et son final électrique et cinématographique. On cherche ses mots. On se jure de ne plus écouter les anciens albums, Geogaddi, Twoism ou Music has the right to children. Angoisse de la déception face à ce rayon de soleil synthétique ("Oscar see through red eye").
Un dernier détail. The Campfire Headphase ne contient aucune voix humaine, seulement des émotions. Peut-être le début d'une nouvelle ère, faite d'instru' mentales…
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