Pierre Génisson, BBC Concert Orchestra & Keith Lockhart
Swing, a Benny Goodman Story
(Aparté) janvier 2020
Benjamin David Goodman est né le 30 mai 1909 à Chicago dans l’Illinois. Il est le neuvième enfant de David Goodman et Dora Grisinsky Goodman, immigrants qui ont quitté la Russie pour échapper à l'antisémitisme. La famille est nombreuse, David et Dora auront au total douze enfants, et très pauvre : la mère de Benny n'a jamais appris à parler anglais et son père travaille pour un tailleur.
Alors qu’il a dix ans, son père envoie Benny étudier la musique à la synagogue Kehelah Jacob. Là, il apprend la clarinette auprès de Franz Schoepp, membre du Chicago Symphony, tandis que deux de ses frères apprennent le tuba et la trompette. Goodman montre tout de suite de grandes aptitudes musicales. Il devient rapidement musicien professionnel. A 15 ans, à la mort de son père, il subvient aux besoins de sa famille en utilisant l’argent qu’il gagne. A 16 ans, il est embauché par le Ben Pollack Band, déménage à Los Angeles et devient petit à petit soliste vedette. L’année 1929 est marquée par le début de la Grande Dépression et Benny Goodman quitte le Ben Pollack Band pour participer à des sessions d'enregistrement et à des émissions de radio à New York.
En 1933, Goodman commence à travailler avec John Hammond. Ce dernier le fait rencontrer le tromboniste Jack Teagarden pour une session d'enregistrements. La popularité de Goodman ne cesse de grandir, surtout suite à la création de son propre ensemble en 1934, jusqu’à ce qu’il devienne le King of swing.
La Seconde Guerre mondiale marque un frein à sa carrière. Il se tourne alors vers le monde de la musique "classique", travaille la technique, et joue Mozart, Debussy, Weber, Nielsen... passe commande à Bartók ses "Contrastes pour violon, clarinette et piano", un concerto à Darius Milhaud, à Aaron Copland et Paul Hindemith. Il crée la sonate pour clarinette et piano de Francis Poulenc, le "Prelude, fugue and riffs" de Leonard Bernstein... En 1965, il enregistre l’Ebony Concerto de Stravinsky avec le compositeur.
Ce disque s’intéresse autant à son répertoire classique avec le concerto pour clarinette, cordes et harpe, le Prelude, fugue and riffs de Leonard Bernstein et l’Ebony Concerto de Stravinsky qu’à de grands standards de jazz comme "Sing Sing Sing" de Louis Prima, "Sweet Lorraine" de Cliff Burwell, "Sweet Georgia Brown" de Ben Bernie & Maceo Pinkard ou "Stomping at the savoy" d’Edgar Sampson qui ont construit le mythe du "king of swing".
Mais plus encore qu’un hommage à Benny Goodman, ce disque est un hommage au swing à la clarinette mélange de pétillant, de vibrant, de virtuosité et de velours. Tout ce qui fait, via une très belle interprétation, l’essence de ce magnifique disque.