« rinôçérôse », le collectif électro-rock de Jean-Philippe Freu et Patou Carrié vient de sortir un nouvel album schizophonia et terminait son Schizophonia European Tour le 7 décembre à la Boule noire.
Deux bonnes raison pour les rencontrer. Et c'est Miss Patou qui nous reçoit pendant que Jean Philippe Freu traque un mal de gorge et le trac. « rinôçérôse » est né il y a près de 10 ans sous forme de collectif. Que signifie ce vocable en l'occurrence et est-il toujours d'actualité aujourd'hui notamment parce que votre dernier album schizophonia réunit de nombreux invités appartenant à d'autres groupes ?
Miss Patou : Oui, tout à fait. Il est vrai que « rinôçérôse » n'est pas un groupe avec une structure classique. A la base, rinocerose est notre projet à Jean Philippe et moi et nous sommes les leaders d'un collectif de musiciens et techniciens qui sont là depuis sa formation. Quant à schizophonia l'album résulte d'une rencontre avec des chanteurs. Nous avions envie de prendre des chanteurs d'horizons musicaux différents qui viennent faire un titre sur notre album.
C'est donc un épiphénomène dans vos projets pour « rinôçérôse » ?
Miss Patou : Oui mais en même temps pour cet album nous voulions un son plus agressif, plus sec, plus dur que sur nos albums précédents. Un jour, nous sommes allés voir un concert de Mark Gardener, qui est le chanteur de Ride, dont nous sommes fans et nous sommes allés le voir après le concert pour lui proposer de faire des titres avec nous. Il en a fait 3.
A ce moment là nous nous sommes dit, Jean Philippe et moi, que cette rencontre entre des mondes musicaux différents constituait une belle histoire et comme nous avons un tourneur sur Montpellier qui fait tourner pas mal de groupes internationaux, certes plutôt underground pour la plupart, nous avons pu découvrir certains chanteurs comme Jessie Chaton du groupe Fancy. Et il en a été ainsi pour tous ceux qui ont participé à l'album. Et du coup comme nous aimons bien les concepts d'album, nous avons décidé de faire un album avec un chanteur différent par titre. ILa réalisation de cet album a pris 2 ans ce qui est sans doute dû au fait que les chanteurs ne sont pas tous basés en France. Comment s'est passé le travail d'enregistrement des morceaux ?
Miss Patou : En fait, nous voulions aussi prendre notre temps pour cet album car nous avions réalisé le précédent "Music kills me" en 3 mois. Nous contactions les chanteurs pour leur proposer une collaboration. Certains demandaient de recevoir au préalable le morceau mais nous souhaitions conserver toute la spontanéité possible pour cet album. Nous passions 2 jours en studio avec eux sur des morceaux déjà composés instrumentalement en fonction de leur voix et nous leur demandions d'écrire les textes. La spontanéité résultait aussi de l'urgence puisque nous ne disposions pas de beaucoup de temps à ce moment là.
Nous leur avons proposé une thématique assez large et relativement classique sur l'amour, le sexe, les hommes et les femmes. L'écriture s'est faite sur un coin de table et nous passions ne suite directement à l'enregistrement. A l'issue des enregistrements nous avons pris notre temps pour le mixage. Voilà pour l'histoire. Nous avons fait cet album en s'interdisant de penser au live qui était quasiment impossible à faire. D'autant qu'au niveau instrumental nous sommes déjà nombreux. Et pourtant pour le moment ça se passe plutôt bien puisque sur toute la tournée nous avons eu 3-4 chanteurs présents. Cela donne donc un set totalement évolutif en fonction des chanteurs présents ?
Miss Patou : Oui. On ne se répète pas. Jessie Chaton en revanche nous a accompagné sur toute les dates.
Dans toutes les chroniques qui vous sont consacrés, on retrouve les vocables "le professeur illuminé et la doctoresse sexy" qui imbriquent votre vie privée et votre vie publique. En êtes-vous à l'origine et quelle est votre réaction par apport à cela ?
Miss Patou : C'est vrai qu'il y a peu de gens qui ne sont que musiciens sans activité parallèle. Pour nous, il s'avère que nous avons une formation de psycho-sociologues et que nous continuons à travailler dans ce domaine. Au début de la formation de « rinôçérôse », nous voulions que la musique soit un plaisir sans que cela nous mette la pression. Or, un jour aux USA, nous en avons parlé et c'est venu dans la bio sans plus jamais nous lâcher.
Donc on s'en amuse parce que nous constatons quel les gens ont une vision de la psychologie qui n'est vraiment pas réaliste et exacte. Ils ont l'image du psychologue clinicien qui s'occupe des malades mentaux. Alors que nous ne le sommes pas et donc c'est beaucoup moins "sexy" et intéressant que les problèmes psychologiques des individus. Pour nous, la musique et le travail sont deux mondes différents ce qui fait qu e nous avons un peu une double vie. Et cela nous aide finalement à nous sentir bien psychologiquement car le monde de la musique et des tournées, que j'adore, est un univers un peu particulier. On vit en groupe dans une sorte de vie un peu déconnectée de la vie ordinaire.
Notre activité professionnelle nous permet de garder un certain équilibre. Il est vrai aussi qu'au début la musique occupait 10% de notre temps et qu'aujourd'hui elle en occupe 90%. Mais cependant nous ne lâchons pas notre métier.
Et c'est aussi un peu ces commentaires qui nous ont incité à nous amuser sur cet album en faisant se rencontrer des univers musicaux différents et en faisant de la "psychologie de bazar" à partir d'un concept de morcellement qui entre dans la définition de la schizophrénie. L'artwork, avec un ampli et des guitares morcelés, représente également ce concept. Nous nous sommes amusés de l'attitude des journalistes.
Puisque ça leur plaît de tout ramener à la psychologie nous allons leur faciliter la tâche tout en nous amusant. Et finalement, en jouant sur le mode spontané de l'écriture, nous nous sommes rendus compte que les chanteurs avaient écrit des textes que l'on pouvait analyser d'un point de vue psycho-pathologique très schématique. C'est un clin d'?il. La tournée touche à sa fin ?
Miss Patou : Nous jouons ce soir pour la dernière date de cette Schizophonia European Tour. A partir de janvier nous avons une tournée en Espagne et en Amérique du Sud.
Comment s'est-elle passée ?
Miss Patou : Très bien. Nous avons tourné dans toute l'Europe, Suisse, Belgique, Allemagne, et Espagne où nous avons un succès phénoménal. A Madrid nous étions sold out pour un concert de 2 800 personnes.
Quels sont les projets de « rinôçérôse » après ces dates ?
Miss Patou : Nous allons très rapidement travailler sur un nouvel album en revenant à l'instrumental de « rinôçérôse » car nous en avons envie. A plus court terme, nous avons ressortir l'album schizophonia avec un DVD de la tournée.
Avez-vous encore le temps d'aller écouter les autres ? Miss Patou : Quand nous tournons dans des festivals, nous sommes aussi spectateurs. A Montpellier, où nous vivons, nous essayons quand nous revenons de tournée et que nous ne sommes pas trop fatigués. Mais nous essayons bien évidemment de nous tenir au courant de ce qui sort.
Etes-vous allés voir l'exposition "Mélancolie" qui se tient actuellement au Grand Palais?
Miss Patou : Hélas non. J'ai essayé d'y aller mais la file d'attente était trop importante. En revanche nous sommes allés voir l'exposition Big Bang au centre Pompidou dans laquelle il y a une thématique "Mélancolie" qui figure. Et nous aimons beaucoup l'art brut par référence à notre démarche au départ qui était de vouloir, de manière un peu naïve, imiter avec des guitares des sons qui nous plaisaient dans la musique électronique.
C'est la base de « rinôçérôse » dont le nom est celui d'un tableau d'art brut, qui se trouve au Musée d'Art brut à Lausanne, qui a été peint par Gaston Duff un malade mental qui était interné dans un hôpital psychiatrique. Il peignait et il avait créé cette typographie très bizarre à laquelle nous tenons beaucoup.
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