Amateurs de grandes fresques historiques concernant les empires africains peu connus, ce livre est fait pour vous. Ici, c’est le Mozambique qui est à l’honneur, pays qui fut l’un des derniers grands empires d’Afrique à la fin du 19ème siècle. Pour nous dépeindre cette grande fresque, qui de mieux que Mia Couto, né au Mozambique, engagé aux côtés de FRELIMO en faveur de l’indépendance du pays, devenu journaliste puis écrivain ? Ses romans sont traduits dans plus de 30 pays et il a reçu de nombreux prix pour son œuvre.
Dans son œuvre se trouve cette grande fresque sur la fin d’un des derniers grands empereurs africains du Sud du Mozambique au 19ème siècle. Cette fresque se développe en trois parties : les femmes de cendre et l’attente du conflit ; L’épée et la sagaie, la guerre et ses héros ; Les buveurs d’horizon, la chute de l’empereur Ngungunyane et son exil forcé. Ces trois chapitres ont été publiés en volumes séparés avant que l’auteur les réécrive en les unissant en un seul livre. Les sables de l’empereur, que viennent de publier les éditions Métailié regroupe ces trois volumes pour nous livrer un roman historique foisonnant, totalement dépaysant sur un pays, le Mozambique dont je ne connaissais pas l’histoire.
A la fin du 19ème siècle, le Mozambique est ravagé par les guerres de clan et contre les colonisateurs. La puissance coloniale portugaise se heurte à Ngungunyane, en une valse-hésitation pilotée depuis Lisbonne. Germano découvre l’Afrique de l’Est en prenant son poste dans un village perdu. Sa mission est totalement vide de sens. Là, il fait la connaissance d’Imani. Dans ses rapports à la hiérarchie, Germano raconte les transformations de la région mais surtout de son âme avec en toile de fond l’affrontement entre la monarchie coloniale et Ngungunyane ainsi que les guerres entre clans africains.
Imani raconte les changements des destins et du pays. Elle décrit l’avancée de la colonisation, les structures familiales, les traditions qui cherchent à subsister, les migrations. Elle s’aperçoit aussi que ce qui la distingue, sa maîtrise du portugais, la sépare de ses voisins qui la voient différente, trop loin d’eux, tandis que les portugais la considèrent trop proche.
Liés par un amour ambigu, Imani et Germano partent sur le fleuve dans une itinérance chaotique et aventureuse qui les confronte à la réalité de la guerre. Ngungunyane, vaincu et humilié, est embarqué avec une partie de sa cour, dont Imani enceinte, vers Lisbonne puis exilé aux Açores.
Pour ne pas rendre trop complexe au lecteur cette fresque historique sur le Mozambique, l’auteur a pris soin de la romancer autour de deux superbes personnages de fiction, Germano et Imani. Ils sont alors le fil rouge de cette fresque sublime et évoluent parmi des personnages historiques bien réels.
L’histoire tragique de l’empereur Ngungunyane est magnifiquement racontée. Le conflit entre le deuxième plus grand empire africain et les colons portugais sont racontés avec ferveur. Cette guerre coloniale est racontée sous l’angle du colon et sous l’angle du colonisé.
Les sables de l’empereur est donc un ouvrage fascinant, d’une rare puissance narrative qui offre au lecteur une fresque flamboyante sur l’histoire méconnue d’un pays africain qui autrefois régna sur son continent. |