Construire des ponts entre les générations, entre les continents, voilà le but de ce très beau disque à la fois moderne et empreint d’une certaine tradition, Européen et Américain. Tout cela n’a rien de spécialement nouveau mais le saxophoniste Jon Boutellier se montre toujours intéressant musicalement et ce disque le prouve une nouvelle fois.

En même temps, c’est assez simple, il suffit d’excellents musiciens : Alex Claffy à la contrebasse, Kyle Poole à la batterie, Kirk Lightsey au piano, Jean-Paul Estievenart à la trompette et Célia Kaméni au chant, d’un sens de l’arrangement et de l’écriture, du style, de l’intelligence musicale et un son. Simple... Mais l’on retrouve tout cela ici.

Les musiciens : les Américains Claffy et Poole forment une formidable rythmique, le trompettiste belge Jean-Paul Estievenart est comme souvent impeccable, Kirk Lightsey montre que le temps ne semble avoir aucune emprise sur lui avec ses notes virevoltantes et Célia Kaméni est totalement envoûtante. Des musiciens amis que Jon Boutellier a rencontré alors qu’il anime les jams au Duc des Lombards.

Un sens de l’arrangement : se jouer du format trio saxophone / batterie / contrebasse pour mieux se libérer. Choisir le bon répertoire entre composition ("Quiet Sides"), et titres plus ou moins connus ("We’ll be together again" de Fischer & Laine, "Blue Rose" de Duke Ellington, "Blues on the corner" de McCoy Turner, "Black" de Cedar Walton, "Save that time" de Russ Long...) mais qui permettent à la plume de Boutellier de pleinement s’exprimer. Favoriser l’harmonie juste, la mise en son la plus pertinente, distribuer les rôles, jouer avec les esthétiques et les genres...

Le son : un son d’ensemble très new-yorkais, irréprochable, avec une indéniable classe, finesse et subtilité, avec un sens du phrasé et des chorus et puis on aime beaucoup son son de saxophone ténor tout en rondeur et en velours.

Pour le style et l’intelligence musicale, écoutez ce disque intemporel ou hors du temps et vous verrez...