Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Harold Pinter, mise en scène de Jean Macqueron, avec Stéphane Auvray-Nauroy, Julien Kosellek, Julie Macqueron et Eram Sohbani. Au générique de "La Collection" de Harold Pinter, des collections. De mode et de porcelaines chinoises, et, surtout une collection de mensonges et d'interprétations déclinées de manière pirandellienne et emboîtées façon poupées russes dans un opus pour lequel le thème de vaudeville de l'infidélité féminine constitue le "macguffin" d'une variation homoérotique d'un trio composé du mari, de l'amant et de l'amant de l'amant.
Le dramaturge britannique y poursuit, sous obédience de réalisme social, son exploration du couple sous l'angle de la solitude individuelle et du rapport de domination. Dans le microcosme de la mode londonienne années 60 professionnellement occupé mais existentiellement désoeuvré, James prospecte sur l'aveu par son épouse Stella d'une tromperie occasionnelle de son épouse Stella avec un dénommé Bill qui vit chez Harry. Pour chacun, jeu ou quête d'une vérité qui se dérobe ? Dans sa proposition, le metteur en scène Jean Macqueron ajoute au brouillage original avec non seulement l'insertion, sous forme de projections vidéo, de récits monologaux écrits par Christian Siméon.
Mais également par l'énonciation en voix off des didascalies qui évoquent les directives d'un réalisateur lors d'une séance de tournage, impression renforcée par la présence de projecteurs de cinéma vintage sur trépied et l'usage du noir entre chaque scène, et une scénographie dépourvue de délimitation entre les intérieurs des deux couples.
Jean Macqueron dirige efficacement l'émérite quatuor constitué par Stéphane Auvray-Nauroy, Julien Kosellek, Julie Macqueron et Eram Sohbani qui incarnent l'ambiguïté de personnages paradoxaux pris au piège de l'intersubjectivité, du savoir et de la croyance qui s'avèrent déconnectés tant du réel que de la vérité.
Et surtout ils relèvent le défi pintérien de la communication dans le silence, un silence, largement indiqué dans la partition, qui atteint un degré de cruauté similaire à celui véhiculé par la parole, celle-ci, au demeurant, ayant également une fonction de soumission, en établissant un rapport de force sans issue.
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