Les Stone Temple Pilots sont toujours vivants en 2020... Est-ce que cela peut encore intéresser quelqu’un, même avec un jeune chanteur sorti de X-Factor ?
Même pour un quarantenaire fan de rock US et donc de grunge, ce vaste mot fourre-tout qui ne veut rien dire, Stone Temple Pilots n’aura jamais été une sorte d’absolu esthétique. Ce n’était ni Nirvana, ni Pearl Jam, Alice In Chains ou Soundgarden.
Pourtant, tout n’est pas à jeter dans la discographie du groupe originaire de San Diego, en Californie et formé en 1990 : deux premiers albums (Core en 1992 et Purple en 1994) plutôt pas mauvais du tout et qui connaitront un succès certain. Le reste est anecdotique. Le groupe sera très largement plombé par les problèmes de drogues de leur chanteur Scott Weiland, sorte de version édulcorée de Layne Staley. Ce dernier sera viré plusieurs fois, ira chanter avec une partie des Guns and Roses (Slash, Duff McKagan et Matt Sorum) dans Velvet Revolver avant de se faire également limoger et de revenir dans le groupe. Il sera une nouvelle fois congédié en 2013 et remplacé par Chester Bennington (Linkin Park).
Mais un mauvais ensorcellement semble peser sur les chanteurs ayant passé par Stone Temple Pilots : Weiland décède d’une overdose en 2015 et Bennington, très affecté par la mort quelques mois auparavant de Chris Cornell, se suicidera en 2017.
Ce Perdida (perdu en espagnol) marque donc une évolution. Les guitares électriques sont remisées au placard pour un disque majoritairement acoustique. Attention, ce ne sont pas des reprises dépouillées de leurs tubes (ce qu’ils ont déjà fait) mais dix nouvelles chansons. Un revirement de style qui devrait en surprendre et décontenancer plus d’un. Cela reste quand même assez rock.
Sans parler d’une réussite totale, il y a des moments assez faibles, ce disque sonne bien ! Peut-être, sûrement même, ce qu’ils ont fait de mieux depuis Purple, et fera oublier le piètre Stone Temple Pilots sorti il y a deux ans.
Jeff Gutt (ancien chanteur principal du groupe de rock Dry Cell) assure son rôle même s’il ne possède pas vraiment le charisme noir de Weiland. Le groupe ose utiliser des cordes frottées, saxophone, flûte ce qui apporte une certaine rondeur et une patine au disque. Quelques titres sortent du lot ("Perdida", "Fare Thee Well", "She’s My Queen", "Three Wishes").
Une grande partie des paroles tourne autour des relations dégradées, que ce soit avec des amants ou des amis, et la douleur de la mort. Une belle surprise donc.