Alors…. Que les choses soient claires :
1 – si votre style de voix c'est celui de Carla Bruni : passez votre chemin.
2 – si votre adolescence est loin derrière vous, et avec elle le cortège encombrant, parfois embarrassant d'émotions violentes et incontrôlées : passez votre chemin.
3 – si votre style de vie n'est mieux illustré que dans les pages du supplément "Week-end" des Echos : n'insistez vraiment pas, vous allez vous ennuyer.
Alors… voilà :
Clyde a une petite amie et son prénom c'est… Buzy.
Il est mort, mais c'est la société…
Elle est là, pas définitivement abîmée.
Loin s'en faut.
Rappel historique, pour les moins de vingt ans : "Adrian, emmène-moi", "Body, body physical, sex and rock and roll", c'est elle.
Elle est (fut ?) égérie de Gainsbourg, pote de Daniel Darc, fantôme de lieux désormais fermés pour raisons de salubrité publique (sic). Pour le reste, reportez-vous à son autobiographie qui vient d'être rééditée (oh les joies du marketing bien fait !) : Engrenages.
Moi, je pense qu'il suffit de l'écouter pour saisir quelques parfums de sa vie.
Sa voix évidemment, râpée à l'émeri, à la clope, à l'excès, à l'alcool. D'aucun, un tantinet adolescent, oserait "écorchée à la vie", mais, bon, nous ne sommes pas comme ça.
La Cinquantaine fière (c'est elle qui le dit) elle porte des textes épatants sur une musique nourrie à ce qui a bercé les 25 dernières années : voici donc Borderlove et ses 11 titres.
Pour les coups de cœur, se reporter au droit d'inventaire à la Prévert de "J'adore et je hais", à la basse Joy-Division -esque de "Borderlove" (joli titre pour qui a aimé, non ?), aux hurlements sauvages de "La stratégie de la solitude" (featuring le clin d'œil à Gainsbarre), aux contrastes de "Comme des Papillons", une jolie chanson pleine d'espoir, qu'elle chante avec le plus survivant des chanteurs français, j'ai nommé Daniel Darc, pour finir par l'entêtant "Décadents", dont les dandys incandescents – restons décadents n'ont pas fini de tourner sur ma platine.
A noter : l'album sort avec un dvd. On y découvre notamment que lui dire que sa voix fait penser à celle de Marianne Faithfull (ce qui est d'une évidence biblique) la fait frémir de plaisir, que Eudeline est toujours aussi à fond dans ses interviews (t'vois c'que j'veux dire,hein ?), que Daniel Darc est un miracle permanent et que la belle est entourée de gars épatants, pour le moins aussi cabossés et déterminés qu'elle.
Ah, ça ! Vous ne pouvez pas dire maintenant que je ne vous avez pas prévenu.
Vieillir rend pas forcément con et amnésique ! Youpi !
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