Psychologue de métier, Catherine Le Goff est bien placée pour décrire les méandres de la psyché humaine. Elle en fait l’objet de son roman dans La fille à ma place.
Une femme qui nous ressemble, complètement névrosée, dans le déni du déclin de sa relation, assassine froidement la maîtresse de son compagnon. Elle l’étrangle dans un champ à l’écart de la route. Et l’abandonne là. Bon, d’accord, elle ne nous ressemble pas tant que ça. Mais un peu quand même.
Cette femme, c’est Nin. Une âme en perdition avec une grosse valise qui pue l’abandon vissée à ses basques. Depuis que son père s’est fait la malle dans sa jeunesse, elle traîne une faille dans son cœur. Du rien et du vide. Et forcément, elle pète un câble. Surtout quand elle surprend son homme en délicieuse (fâcheuse ?) posture avec une inconnue.
Donc forcément, elle s’enfuit. Sans son chien. Avec l’adresse de son père. Qu’elle retrouve du premier coup. Et bam. Second choc. Elle a une sœur jumelle. Non mais sérieux, ça existe encore les parents qui se partagent les enfants quand ils se séparent ? "Tiens, tu prends celle-là, moi je prends celle-là, oh mais ça tombe bien, on ne va pas se disputer, elles sont pareilles…". Damned.
Bref, là n’est pas la question. Nin est en cavale, se travestit et prend la place de sa sœur franchement dépressive, voire bipolaire. Ah mais super, celle-ci a un enfant dont elle ne peut s’occuper. Pile quand Nin ne pouvait pas avoir d’enfant. Ce qui a saboté sa relation. D’où la tromperie. D’où le pétage de câble.
Prévisible, le roman n’en est pas moins divertissant. Fourre-tout des dérives des êtres, abandon, maternité impossible, abus, amours excessifs, le roman se propose d’être un exemple pour affronter son passé. En gros, ça ne se fera pas sans douleur, mais ça fait grandir.
Mais ça fait quand même un peu flipper quand même. Comment suivre l’exemple du chemin de la guérison et du pardon qu’entreprend Nin si c’est pour avoir la gâchette aussi facile ? |