Comédie d'après des œuvres de Georges Feydeau et Las Noren écrite et mise en scène par Emilie Anna Maillet, avec Sébastien Lalanne, Denis Lejeune, Marion Suzanne, Simon Terrenoire (ou Mathieu Perotto) et le musicien François Merville. Inattendue mais pertinente s'avère l'idée de Emilie Anna Maillet d'innerver "Mais n'te promène donc pas toute nue", une des comédies tardives de Georges Feydeau composant son cycle "Du mariage au divorce" dans lequel la farce vaudevillesque s'assombrit radicalement, en lui inoculant des bribes de textes du dramaturge suédois Lars Norén, notamment de "Démons", pour lequel la déliquescence délétère du couple constitue un thème récurrent.
Car leur point d'ancrage consiste dans le souci de représentation sociale et de réussite qui obsède des personnages masculins et passe par l'objetisation de leur conjointe qui subitement devient rétive pour affirmer leur liberté et leur existence que Emilie Anna Maillet met en résonance dans la partition "Toute nue - Variation Feydeau Norén" en s'appuyant sur des comédiens épatants. Pour contrecarrer les effets de la hausse du mercure, la charmante oisive et asticoteuse Clarisse Ventroux (Marion Suzanne)p optepour un effeuillage aussi rafraîchissant que radical.
Ce qui suscite les désobligeantes invectives de son mari récemment élu député (Sébastien Lalanne) qui reçoit un journaliste (Mathieu Perotto) et un maire quémandeur de sa circonscription (Denis Lejeune) qui vont constituer la goutte d'eau qui fait déborder le vase des contraintes conjugales.
Et, se délestant du soutien-gorge et optant pour la revendication à même la peau des Femen, voilà Clarisse partie en guerre libératrice et féministe.
Si le propos fédère, les choix de mise en scène de Emilie Anna Maillet ne feront pas l'unanimité. En effet, dans la scénographie de Benjamin Gabrié d'un intérieur dépouillé, la place prépondérante est attribuée au domestique interprété par le percussionniste François Merville dont au demeurant la batterie investit le centre du plateau et qui, s'il est réduit au silence oral, pratique de permanents inserts sonores invasifs au point de couvrir les voix.
Par ailleurs, les scènes majeures de confrontation illustrant le pandémonium conjugal sont reportées en hors champ avec la projection des images vidéo filmées en direct en abusant du procédé castorfien.
Cela étant, et même si elles se déroulent avec la répétition bégayante des mêmes répliques assorties de gagas éculés, les scènes entre les deux représentants de la Nation, qui ne sont pas sans évoquer les "kékés de la République", sont rondement menées et Marion Suzanne s'avère explosive.
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