Simples mortels hypocondriaques, saviez-vous que les belles femmes ont aussi un cerveau ? Et que certaines savent même s’en servir. William Roy et Sylvain Dorange le rappellent aux étourdis qui auraient malencontreusement oublié ce paramètre dans leurs techniques de management. Pour cela, ils retracent The Incredible Life of Hedy Lamarr dans La plus belle femme du monde.

Riche en images et en couleurs, la bande dessinée de William Roy et Sylvain Dorange ne s’embarrasse pas de mots quand les dessins suffisent, et ils sont parfois aussi éloquents qu’un long discours dans les illustrations prenant toute la page.

Hedwig Kiesler est jolie, très jolie. Petite fille avide de savoirs, ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est inventer. Mais dans l’Autriche du début du XXème siècle, être belle veut dire… être belle… et se taire aussi. Elle relègue donc sa passion au rang de passe-temps, quand débute sa vocation d’actrice dans une atmosphère d’après-guerre propice à l’émancipation des femmes.

Mariée à un marchand d’armes qu’elle fuit jusqu’à Hollywood, la belle se marie six fois et joue les femmes fatales dans de nombreux métrages. Dans une société régie par des hommes, dans un monde au nazisme grandissant, l’actrice comprend vite les codes et gravit les échelons de la célébrité avec pour arme sa beauté flamboyante.

Avec un ami musicien, George Antheil, elle est la géniale inventrice d’un système de codage des transmissions, ancêtre des techniques de Wi-Fi dont nous abusons au quotidien. Invention pour laquelle ne fut reconnue que trois ans avant sa mort seulement.

Dans notre contexte actuel de dénonciation de gros porcs, la voix féminine a-t-elle une portée réellement différente ? Les Hedy Lamarr modernes ont-elles acquis la crédibilité qu’il manquait à Hedwig Kiesler ? La beauté est-elle toujours un fardeau à l’intelligence ? Là n’est probablement pas la question soulevée par les auteurs.

Raconter l’histoire d’Hedy Lamarr, c’est dire la ténacité qu’il faut pour choisir la vie qu’on veut vivre, faire fi des critiques et des conventions. Dessiner ses larmes et ses extases, c’est se relever après une chute, le cœur en vrac et l’âme conquérante. Lire La plus belle femme du monde vaut une leçon de morale sur le libre arbitre et la propriété de ses décisions. Comprendre The Incredible Life of Hedy Lamarr, c’est vivre à temps plein, aimer sans concession et partir sans se retourner.