Dès les premières notes, on comprend que l’on est en train d’écouter un très beau disque, celui qui restera, peut-être pas le disque de chevet, mais un disque qui pourrait compter...

Il y a quelque chose d’incroyablement subtil, précieux et raffiné dans ce disque. Quelque chose de presque impalpable, et qui malgré sa grande beauté pourrait rebuter. Et pour en finir rapidement avec les bémols, on regrettera juste des climats un peu linéaires, ce qui pourrait donner à penser que ce disque est parfois un peu lisse. On dépassera très vite cette sensation car le jeu en vaut la chandelle.

Pour son premier album, le musicien belge Thomas Jean Henri, ancien batteur de Venus et moitié du duo Soy Un Caballo parcourt avec précision l’art de la ballade teintée de merveilleux. Un projet de longue haleine mais temporaire, éphémère, où l’ambition est uniquement musicale, où l’on se sentirait à l’abri, d’où le nom de Cabane, mais avec une ouverture sur le monde : Grande est la maison (mais Grande est la maison est également le nom d’une série de ses photos).

L’ancien batteur délaisse le champs rythmique pour aller vers quelque chose d’éminemment mélodique, quelque chose de pastoral au goût des années 60 avec des harmonies vocales planantes, une sophistication. Une musique qui fera palpiter le cœur de ceux qui aiment Nick Drake, Vashti Bunyan, Tim Buckley, Jackson C Franck ou Sufjan Stevens.

Pour ce faire il réunit un casting d’amis assez incroyable avec l’Américain Will Oldham (Bonnie "Prince" Billy, Palace Brothers...) et l’Anglaise Kate Stables (This Is The Kit) au chant, Caroline Gabard (Boy & The Echo Choir) ou Sam Genders (Tunng, Diagrams) pour l’épauler dans l’écriture des textes et Sean O’Hagan (The High Llamas) dans les arrangements. Des arrangements luxuriants (cordes frottées, wurlytzer), jamais ampoulés, qui ne sont pas là pour cacher une faiblesse dans l’écriture, bien au contraire ses chansons sont très bien écrites et pourraient simplement se suffire en duo guitare / voix, mais qui sont une réelle valeur ajoutée, comme une expansion des timbres, un jeu entre les éléments sonores.

Et puis il y a des titres comme : "Take me Home, Pt 2", "Sangokaku", "Take me Home, Pt 1", "Easily We’ll See", "Tu ne joueras plus à l’amour", "Now, Winter Comes"...

Un disque bouleversant, une musique incroyablement belle.