S’appuyant sur sa remarquable résurgence sur le plan médiatique et scénique, Hailu Mergia a consolidé son héritage à travers une vision moderne de la musique éthiopienne. Si les albums millésimés de Mergia sont connus pour leur qualité intrinsèquement mystérieuse et savoureusement rétro, ses performances actuelles révèlent un artiste nullement coincé dans la nostalgie de l’âge d’or de l’éthio-jazz. En attestent les soutiens du New York Times, de la BBC ou encore de Pitchfork, qui place Lala Belu parmi les 200 meilleurs albums des années 2010, dont la musique s’inscrit selon eux "triomphalement dans le présent".
Ce nouvel album intitulé Yene Mircha ("Mon choix" en amharique) rassemblent tous les ingrédients qui rendent le multi-instrumentiste / compositeur / arrangeur unique – des éléments qui démontrent toute la vitalité d’Hailu, à cheval entre héritage et innovation. Parmi ses musiciens, Alemseged Kebede (basse) et Ken Joseph basés à Washington D.C. forment le noyau dur autour duquel un groupe élargi offre une puissante continuité à l’esprit jazz contemporain avec lequel flirte déjà l’album précédent. Yene Mircha confirme la créativité sans borne de Mergia et sa philosophie selon laquelle il existe une multitude d’approches de la musique éthiopienne.
Se réinventant en permanence à travers ses prestations live, cette icône de 74 ans refuse de refaire deux fois le même album. Son processus de création en studio est aussi urgent et audacieux que peuvent l’être ses concerts, incitant son groupe à l’improvisation. Yene Mircha immortalise cette approche live et dévoile toutes les ressources insoupçonnées de l’infatigable musicien éthiopien.
Installé à Washington D.C. depuis le début des années 80, Hailu Mergia a longtemps exercé la profession de chauffeur de taxi. À l’aube des années 2010, il est contacté par l’Américain Brian Shimkovitz (fondateur du label Awesome Tapes From Africa), qui souhaite rééditer ses œuvres, dont il ne reste alors que quelques rares exemplaires dans le monde, au format cassette. Ainsi, les trésors enfouis Hailu Mergia And His Classical Instrument (1985), Tche Belew (1977) puis Wede Harer Guzo (1978) seront déterrés et offriront à Hailu la reconnaissance de médias lui permettant de toucher un nouveau public et de se faire une place dans les festivals les plus prestigieux tel que le Montreux Jazz Festival.