"Le travail de l’homme est éphémère et s’évanouit comme l’écume de la mer…" Jack London
"J’ai découvert Jack London assez tard, en novembre 2016 : d’abord, les Chroniques des mers du sud puis l’initiatique et incontournable Martin Eden. L’œuvre dense et souvent autobiographique de cet écrivain américain, si riche et si puissante, n’a alors cessé de me suivre, d’accompagner mon quotidien, mes voyages et donc la musique que je joue". Vincent Courtois.
Naturellement, il y a Martin Eden, Croc Blanc, L'Appel de la forêt, Le peuple de l’abîme. Le voyage, le journalisme, le chemin de fer, le bateau, l’alcool, la politique. Jack London c’est l’aventure, les aventures, et une grande humanité : lui écrivain socialiste qui luttera contre le raciste, la pauvreté, l’individualisme et le capitalisme américain.
Le trio composé de Vincent Courtois (violoncelle), Robin Fincker (clarinette et saxophone) et Daniel Erdmann (saxophone ténor) après avoir revisité des musiques de films (Bandes Originales) s’attaque à l’œuvre de l’écrivain Américain. Pour s’imprégner totalement de son univers, ils ont rencontré Tarnel Abbott, son arrière-petite-fille et sont allés enregistrer ce disque sur ses terres à Oakland en Californie. La peinture de la superbe pochette réalisée par le photographe Loïc Vincent montre le trio jouant dans les bois près de sa tombe près des ruines de son ranch parti en fumée.
La majorité des compositions reprennent donc des titres de nouvelles et récits de London ("Martin Eden", "Love of Life", "The Road", "To build a fire", "The Dream of debs", "The Seawolf"...). Textes et musiques se répondent, créent des liens, des affinités, une promiscuité, même s’il n’est absolument pas nécessaire de connaître les écrits pour goûter la musique. Cet ensemble à l’instrumentation pour le moins original, où on ne perd en rien en richesse de timbres et où chacun trouve sa place, nous emmène loin dans une musique entre jazz et traditionnel américain, entre aspérité et lyrisme, avec quelque chose de très organique, revisité ou fantasmé, vive et aventureuse. Les musiciens tricotent entre eux, les timbres se mélangent, se transforment. Les climats se renouvellent autour de tourneries répétitives.
Si les récits figurent des idées et des faits chez Jack London, "celui chez qui la vie et l'œuvre se confondent en une seule aventure" comme rappelle Francis Lacassin, cette musique incarne l’écrivain. Elle raconte, elle parle, elle chante le récit. Superbe.