Quel bonheur que celui de retrouver un nouvel album du groupe montpelliérain Volin, Cimes, trois ans après l’excellent Volcan, que l’on avait beaucoup aimé sur Froggy’s Delight ! L’entrée dans l’univers planant de ce nouvel album, contrastant avec le précédent beaucoup plus sombre, s’augure précisément sous le signe des contrastes à visiter, de sens contraires à explorer, autant spatiaux que temporels. C’est dans l’intimité d’un chalet pyrénéen que le groupe et son ingénieur du son, frère du chanteur, ont créé et enregistré l’album, tenant à préserver la plus grande liberté créative
Le groupe montpelliérain a fait le choix d’intituler son album Cimes, une ode à la hauteur et de nous proposer comme premier titre "Descendre en soi", nous invitant à une plongée introspective. Voilà apparaître une nouvelle facette de ce quatuor, celui du paradoxe, qui n’a rien d’anodin.
Volin nous parle du temps, de celui qui part ou de celui qui viendra avec des titres comme "Hier" et "Petit à petit". Il nous parle de nos déplacements quel que soit le moyen de transport avec des titres comme "Partir", "Entre deux rives" et "L’élan". Ils nous parlent aussi de notre société, de notre façon de vivre, de notre besoin de calme et de lenteur dans un monde frénétique où la vitesse est reine et l’attente insupportable.
Un disque de Volin est toujours un ensemble fait de textes ciselés et d’une musique esthétique. Empreint dune douce mélancolie, Cimes ne déroge pas à cette règle. Cimes s’entend avant de s’écouter, il appelle une construction intuitive plus qu’intellectuelle, en caressant les instincts d’évasion, et en transcendant les histoires intimistes pour en cueillir les émotions. Volin épure sa poésie et se consacre à jouer avec la musicalité des mots, par des assonances, des répétitions de sonorités, à la manière anglophone.
Cette écriture se révèle pleinement en cohérence avec l’équilibre des choix instrumentaux façonnant une atmosphère éthérée qui se sublime d’effets avec subtilité et parcimonie. Bien évidemment, on y voit une musique influencée par des artistes de la scène indépendante britannique et internationale comme Radiohead, Grizzly Bear ou encore James Blake.
Mais avec ce nouvel album apparaît aussi l’empreinte d’artistes comme Babx ou Bertrand Belin. Volin arpente un chemin novateur dont l’aboutissement présent nous offre un album jamais statique, qui se balade, plane, s’échappe et revient à lui. Entre rock, musique electronique et folk épurée, il nous absorbe dans un calme cotonneux, comme lové dans un nuage, où pourtant l’intensité enfle, grimpe et déferle soudain, ce qui fait de Cimes une entité qui sans explicitement mentionner le voyage, ni l’évoquer abusivement, en est pourtant un dans son intégralité. Cet album, composé de onze titres, touche la perfection et côtoie le sublime.