"Tu devrais vraiment te demander pourquoi on se fait chier à se lever le matin. Mais vraiment pourquoi travailler ? Pour acheter plus ? Ça n’explique pas tout."
Douglas Coupland est l’auteur du roman culte Génération X. Nouvelle édition, nouvelle traduction, garanti sans botox et naturel, le roman replonge ses lecteurs dans une période incertaine, sorte de transition entre le baby-boom et la génération Y, nés entre 1965 et 1979. Le roman dresse le portrait de trois adultes en prise aux angoisses existentielles de leur époque.
"Tu vois, quand tu es classe moyenne, il faut s'habituer à ce que l'histoire t'ignore. Il faut vivre avec le fait que l'histoire ne se fera jamais le champion de tes causes et qu'elle ne se sentira jamais désolée pour toi. C'est le prix à payer pour le confort et le silence quotidiens. Et à cause de ce prix, tous les bonheurs sont stériles ; et tes malheurs n'attirent pas la pitié."
Dag, Claire et Andy évoluent dans une sorte de désœuvrement propre à cette époque, nostalgique des Trente Glorieuses et sans la mission de reconstruction de leurs parents après la Seconde Guerre mondiale. Ils cultivent une petite haine de leurs parents, qui semblent être nés au bon endroit, et au bon moment. La génération X serait la gueule de bois des baby-boomers, avec en prime une éducation sentimentale à l’ombre du sida. Avec l’injonction d’user des droits que leurs aînés ont chèrement acquis pour eux.
"J’aime bien Margaret. Elle se laisse pas marcher sur les pieds. Elle est plus âgée que nous, et séduisante dans le genre qui met de la laque et des épaulettes et qui a survécu à deux divorces."
Pas facile d’être maître de ses choix, d’assumer sa liberté, dans la solitude qu’elle suppose et les combats qu’elle impose. Douglas Coupland fait évoluer ses personnages sans fard ni hypocrisie, rythmant le récit par les histoires que se partagent ces trois américains qui s’accordent la vision commune de ne pas faire comme leurs parents.
"Je retins mon souffle, en proie à un sentiment dont je n’ai jamais pu me débarrasser complètement – mélange de noirceur, de fatalité et de fascination – un sentiment éprouvé, j’en suis sûr, depuis le début des temps par la plupart des jeunes gens qui ont un jour levé la tête, scruté les cieux et vu leur univers disparaître."
Fantastique plastique, formica, divorces et sous-pulls en nylon, Génération X. |