C’est une drôle d’histoire qu’a connu Yoann Barbereau il y a quelques années en Russie. Yoann Barbereau est né en 1978. Après des études de philosophie, il enseigne à Paris. Il a travaillé près de dix ans en Russie, dirigeant notamment l’Alliance française d’Irkoustk. C’est là que va lui arriver une terrible mésaventure qui le mènera des geôles des goulags sibériens à l’ambassade de France à Moscou puis jusqu’à la France où il se trouve actuellement.
Ce dont on ne peut parler, il faut l’écrire nous dit-il. C’est ce qu’il fait donc dans cet ouvrage intéressant dans lequel il nous raconte ce qu’il a vécu, sans vraiment comprendre pourquoi et comment il s’est sorti de cette terrible mésaventure.
La scène qui va changer le cours de l’existence de l’auteur se joue non loin du lac Baïkal, où il vivait, dans un endroit qu’il aimait beaucoup, dans la ville d’Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale. Des hommes cagoulés surgissent un matin chez lui. Sa fille crie, elle a cinq ans. L’auteur se retrouve arrêté sous ses yeux, frappé ensuite avec science, interrogé et accusé d’un crime ignominieux. On l’accuse de pédophilie.
Dans l’ombre, des hommes ont enclenché une mécanique de destruction, grossière et implacable, elle porte un nom inventé par le KGB : kompromat. On lui promet quinze années de camp à régime sévère. Lui décidera de ne pas subir et de s’évader.
Yoann Barbereau nous raconte son histoire qui pourrait être un film, qui pourrait être un excellent roman aussi mais qui n’est rien de tel que la réalité, celle qu’il a vécue, celle qui l'a vu devoir s’évader de Sibérie, se réfugier à l’ambassade de Moscou puis quitter par ses propres moyens le territoire russe pour revenir en France, poursuivi par une meute lancée à ses trousses qui craignait que tout cela finisse dans un livre.
Yoann Barbereau a écrit ce livre qui permet de retracer tous les évènements douloureux qu’il a vécus au cours de cette histoire relativement extravagante. Il se lit presque comme un roman d’aventures, étant plutôt bien écrit avec un personnage principal qui se dit victime d’un complot russe, poursuivi par une justice sévère qui s’appuie sur un dossier construit de toutes pièces.
L’auteur y dévoile néanmoins un amour inconsidéré pour le pays dans lequel il vivait, la Russie, qu’il nous décrit avec passion mais aussi par sa culture qu’il adore, notamment ce qui concerne la littérature. De nombreuses références culturelles russes ouvrent d’ailleurs les différents chapitres de l’ouvrage.
On découvre ses journées dans le camp de prisonnier, sa libération avec bracelet électronique puis son évasion vers Moscou. On découvre ensuite l’inaction du gouvernement français à son égard, ses longs mois passés à l’ambassade de France avant de s'évader une nouvelle fois pour sortir de la Russie par ses propres moyens et regagner la France.
Dans les geôles de Sibérie, l’ouvrage de Yoann Barbereau est donc un ouvrage plaisant qui ferait sûrement un très bon film si un réalisateur se décidait à l’adapter. |