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Interview  (Paris)  samedi 18 janvier 2020

C'est par un après-midi ensoleillé que l'équipe de Froggy's Delight s'est enfermée dans le Studio Little, petit studio (comme son nom l'indique) sans fenêtres, que dirige Fabien Martin pour enregistrer deux sessions : celle de Sarah Amsellem et celle de Fabien Martin. Après deux albums et un EP, Fabien Martin revient avec .aMour(s), un disque sur le couple et le temps qui passe. Résolument pop, et finement ouvragé, c'est au sein même de la matrice qui a vu naître cet album qu'on a pu en discuter avec son fier papa. Concept.

Ton premier album s'appelle .aMour(s) avec un point au début, un a minuscule, un M majuscule et un S entre parenthèses à la fin. Pourquoi toutes ces ponctuations et choix typographiques ?

Fabien Martin : Soit c'est pour faire le malin et me distinguer un peu des autres, soit on peut essayer d'y trouver une signification. Je peux te donner des pistes. Le point, c'est une trouvaille du graphiste à la base. Mais je me suis dit qu'il pouvait y avoir de l'amour ou point d'amour. Ensuite, je ne voulais pas, dans ce disque, évoquer l'amour avec un grand A, mais plutôt l'amour avec un grand "aime". Quand au S entre parenthèses, c'est un album qui raconte une histoire d'amour, mais dans une histoire d'amour il y a différentes façons d'aimer au fil des ans. Dans une histoire d'amour, il y a plusieurs sortes d'amours qui s'entrechoquent, qui s'entremêlent, qui passent les uns après les autres.

Sur ce disque, quelle est la part d'intime, la part de vécu, et la part d'imagination ou de fantasme ? Quand je parle de vécu, je ne veux pas dire forcément le tien.

Fabien Martin : Je dirais 40 % d'intime, 40 % de vécu et 40 % d'imagination. Il me semble qu'une histoire d'amour, ça se vit au moins à 120 %.

Qui est en photo sur la pochette de l'album?

Fabien Martin : Tu veux son nom, son numéro ?

Alors je reformule. Pourquoi n'est-ce pas la même personne que sur la pochette du premier single, Pomme Love ?

Fabien Martin : Peu importe. C'est juste une figure féminine dont on ne voit d'ailleurs pas le visage. Ça pourrait être ma compagne, comme ça pourrait ne pas l'être. C'est le visage de l'histoire.

Comment ta compagne a-t-elle accueilli ce disque ? Elle a d'ailleurs dû en vivre la conception au fur et à mesure.

Fabien Martin : Bien sûr. Quand tu vis avec quelqu'un qui fait des chansons, tu entends parfois ces chansons pendant des années et il n'y a plus beaucoup de surprise quand tu les découvres sur un album.

On parlait d'intime, tout à l'heure, certaines des chansons d' .aMour(s) existent depuis 7 ou 8 ans. Il y en a une autre qui a 6 ans, et une autre écrite il y 4 ans. Ce sont des chansons qui existaient déjà, qui racontaient déjà une partie de cette histoire. Sans que je le sache, l'histoire de l'album était déjà là. L'histoire évoluait au fil du temps, les chansons n'étaient plus tout à fait les mêmes.

Ma compagne a vécu la naissance de cet album avec du recul, et de l'humour. Certes, la fin du disque n'est pas forcément joyeuse, mais le début l'est.

Puisque tu écris des chansons sur divers états de l'amour à divers moments de la relation, y a-t-il des gammes, des sons, des couleurs qui correspondent à chacun des territoires amoureux que tu vas explorer en chanson ?

Fabien Martin : Lorsque je compose, je ne suis pas du tout dans une analyse et une théorie de ce que je peux faire. En fait, les choses sont venues d'elles-mêmes. Je suis très peu dans le mental lorsque je compose. Et même, lorsque l'intellect prend le dessus, j'essaie de m'en éloigner. Les choses arrivent ou elles n'arrivent pas. Je fonctionne à l'intuition, avec tout ce que j'ai pu emmagasiner comme sensations, comme sentiments, comme recherche de sons. Ce ne sont pas tant des gammes que des tonalités qui descendent au fur et à mesure que le disque progresse. Je suis clairement sur des tonalités majeures en début d'album, et on arrive sur des tonalités mineures à la fin.

Comment décrirais-tu les "intermèdes" amoureux qui ponctuent cette histoire. D'ailleurs comment t'est venue cette idée ?

Fabien Martin : J'avais absolument besoin d'avoir ces intermèdes. Je voulais quelque chose d'un peu littéraire que moi je ne pouvais pas amener. Je voulais quelque chose de quasi scientifique sur l'amour. C'est ainsi que j'ai introduit des extraits de "Scènes de la vie conjugale" d'Ingmar Bergman dans le disque. Dans un premier temps, je souhaitais que ce soit des extraits des "Fragments du discours amoureux" de Roland Barthes, mais je n'ai jamais eu les droits. Après 6 mois sans réponse, j'étais un peu dans une impasse. Je ne savais plus quoi faire. Complètement par hasard, j'ai entendu que "Scènes de la vie conjugale" de Bergman se jouait au théâtre. J'avais vu cette pièce bien des années auparavant. Je me suis dit "C'est ça qu'il faut que je fasse".

En fin de compte, je suis très heureux que la famille de Roland Barthes ne m'ait pas accordé les droits sur son oeuvre car je suis bien plus heureux avec Bergman. J'ai acheté le livre, je l'ai relu, je suis allé voir la pièce de théâtre pour l'entendre et choisir les passages qui conviendraient le mieux. Quant aux musiques, ce sont quasiment les mêmes que celles que j'avais composées dans un premier temps.

Cette anecdote explique aussi pourquoi mon disque a mis longtemps à sortir. Il y a d'abord la période durant laquelle j'attendais les droits sur l'œuvre de Barthes. Ensuite, il a fallu que j'ai une autre idée.

Dans ton disque, il y a une grande liberté sur la durée des plages. Ça va de 49 secondes à plus de 6 minutes. Y a-t-il un lien entre l'état amoureux décrit et la durée du morceau ? Par exemple, "On sait pas encore" est la chanson la plus courte de l'album. Cela signifie t-il que tes doutes ont été très courts ?

Fabien Martin : Non. Ce serait m'accorder trop d'intelligence. Il y a même une chanson, enregistrée sur mon dictaphone, qui dure 2 minutes et où on entend ma fille pleurer derrière. La liberté est une des choses qui me restent. Il n'y a personne derrière moi pour me dire ce que je dois faire ou non, alors j'en profite.

Et à propos du doute, qui est une chanson sur le choix du prénom de ma fille, ça a été au contraire très long puisque après trois ou quatre jours nous ne savions toujours pas comment l'appeler. À la maternité, ils nous disaient : "il vous reste 12 heures pour déclarer votre fille auprès de l'état civil", et on leur répondait : "On ne sait pas, on ne sait pas encore". Il paraît qu'en Chine, les enfants ont un prénom provisoire pendant plusieurs mois jusqu'à ce qu'on découvre un peu leur personnalité. C'est seulement à ce moment-là qu'on leur attribue leur prénom définitif.

Là, nous sommes dans ton propre studio, le studio Little. Te considères-tu comme un geek du son ? Et as-tu essayé d'utiliser au maximum les possibilités de ton studio ? Ou est-ce que tu t'en foutais et que ça n'avait que peu d'importance ?

Fabien Martin : Ah non. Je ne m'en foutais pas du tout. Je ne suis pas un geek, mais je n'en suis pas loin. Depuis que j'ai commencé à 14 ans sur un 4 pistes à cassette, je n'ai jamais cessé d'acquérir du matériel. Je m'enregistrais chez moi. Là, maintenant, c'est l'idéal parce que j'ai du très bon matériel. J'ai travaillé l'espace sonore avec du bois, avec des mousses, et d'autres matériaux pour que ça sonne comme j'avais envie de sonner. Et je connais bien mes machines.

Mais je n'ai pas travaillé tout seul sur ce disque. J'avais un réalisateur, qui s'appelle Jules Jaconelli, qui m'a épaulé. Même si j'adore la technique, à un moment, c'est place au son, place à la musique. Et tant pis s'il y a des imperfections du moment qu'on joue les notes qui arrivent, qu'on les joue bien, et avec du cœur. Néanmoins, le matériel et le son sont des aspects qui restent très importants pour moi parce que ça fait partie de la composition. C'est la raison pour laquelle j'admire des artistes comme, par exemple, Christophe. Tous les artistes qui, en plus de faire de belles chansons, construisent un univers sonore. Mais aujourd'hui la plupart des artistes font attention au son. Même avoir un son sale, ça se travaille.

Quels sont les artistes qui sont passés par ton studio ? En travaillant avec eux, est-ce que ça t'a amené des idées pour ton propre son ?

Fabien Martin : Il y a pas mal d'artistes qui sont passés par le studio, et de plus en plus. Il y a eu Émilie Marsh, dont j'ai mixé l'album. Il y a eu Robi, dont j'ai aussi mixé l'album. Émilie avait fait quelques voix. Il y a eu Monsieur Lune, Laura Flane, Mike Ibrahim, et bien d'autres. Actuellement, je travaille avec Nicolas Paugam. Ça me permet d'entendre des choses que je n'entendais pas forcément avant, d'aiguiser mon oreille, ma curiosité.

Je travaille avec des personnes qui ont des personnalités et des psychologies différentes. Sans forcément m'influencer, ça m'oblige à m'adapter, à faire évoluer mes points de vue. Ça m'oblige aussi à travailler vite. En fait, j'adore travailler avec les autres. Je fais beaucoup de mix depuis 2 ou 3 ans. Avant je ne faisais pas ça, or j'aime beaucoup cet exercice et cet aspect du métier.

Comment situes-tu ton disque dans ta discographie ? C'est ton quatrième album en 14 ans...

Fabien Martin : ... et le suivant est prêt. Les chansons sont écrites. Le prochain disque va aussi raconter une histoire. Ou plutôt plein d'histoires autour de la part féminine qui existe dans le monde. Ce ne sont pas forcément des choses gaies. Mais l'album est fait. Il ne mettra pas 4 ans à sortir.

Retrouvez Fabien Martin
en Froggy's Session
pour 4 titres en cliquant ici !

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Fabien Martin
Le Soundcloud de Fabien Martin
Le Facebook de Fabien Martin

Crédits photos : Arnaud Kehon (retrouvez toute la série sur Taste Of Indie)


Laurent Coudol         
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# 2 août 2020 : Une petite pause s'impose

Le mois d'août arrive. Sans les festivals, l'actualité culturelle sera plus calme mais nous serons toujours là pour vous tenir compagnie chaque semaine notamment sur Twitch. Commençons par le replay de la Mare Aux Grenouilles #8 (la prochaine sera le 29 août) et bien entendu le sommaire habituel.

Du côté de la musique :

"Pain olympics" de Crack Cloud
"Waiting room" de We Hate You Please Die
"Surprends-moi" de Cheyenne
"Nina Simone 1/2" le mix numéro 20 de Listen in Bed
Interview de Bruno Piszczorowicz autour de son livre "L'ère Metal"
"Noshtta" de L'Eclair
"Moderne love" de Toybloid
  "Les îles" de Benoit Menut
"Echange" de Brussels Jazz Orchestra, Claire Vaillant & Pierre Drevet

Au théâtre :

chez soi avec des comédies blockbusters at home :
"Lady Oscar" de Guillaume Mélanie
"La vie de chantier" de Dany Boon
"Post-it" de Carole Greep
"Mon meilleur copain" de Eric Assous
"L'ex-femme de ma vie" de Josiane Balasko
"Un point c'est tout" de Laurent Baffie
et de l'eclectisme lyrique avec :
"L'Ange de feu" de Serge Prokofiev revisité par Mariusz Trelinski
les antipodes stylistiques avec "L'Enfant et les Sortilèges" de Maurice Ravel par James Bonas et "Dracula, l'amour plus fort que la mort" de Kamel Ouali
et le concert Hip-Hop Symphonique avec des figures du rap et l'Orchestre Philharmonique de Radio France

Expositions :

en virtuel :
"Warhol" à la Tate Modern de Londres Exhibition Tour avec l'exhibition tour par les commissaires et et 12 focus
"Plein air - De Corot à Monet" au Musée des impressionnismes de Giverny
avec l'audioguide illustré ainsi qu'une approche en douze focus
en real life :
"Le Monde selon Roger Ballen" à La Halle Saint Pierre
"Otto Freundlich - La révélation de l’abstraction" au Musée de Montmartre
"Turner, peintures et aquarelles - Collection de la Tate" au Musée Jacquemart-André
"Harper's Bazaar, premier magazine de mode" au Musée des Arts Décoratifs
"Christan Louboutin - L'Exhibition[niste]" au Palais de la Porte Dorée
"Cézanne et les maîtres - Rêve d'Italie" au Musée Marmottan-Monet
"Coeurs - Du romantisme dans l'art contemporain" au Musée de la Vie romantique
les Collections permanentes du Musée Cernushi
"Helena Rubinstein - La collection de Madame" et "Frapper le fer" au Musée du Quai Branly
"Monet, Renoir... Chagall - Voyages en Méditerranée" à l'Atelier des Lumières

Cinéma :

en salle :
du vintage avec la version restaurée de "Quelle joie de vivre" de René Clément
un documentaire "Dawson City : le temps suspendu" de Bill Morrison
des films récents dans son salon :
"Hauts les coeurs !" de Solveig Anspach
"La Famille Wolberg" de Axelle Ropert
"Pieds nus sur des limaces" de Fabienne Berthaud
"Le Voyage aux Pyrénées" de Jean-Marie Larrieu et Arnaud Larrieu
"Dans Paris" de Christophe Honoré
"La promesse" de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Lecture avec :

"Nous avons les mains rouges" de Jean Meckert
"Il était deux fois" de Franck Thilliez
"La goûteue d'Hitler" de Rosella Postorino
et toujours :
Interview de Bruno Piszczorowicz autour de son livre "L'ère Metal"
"Fleishman a des ennuis" de Taffy Brodesser-Akner
"Summer mélodie" de David Nicholls
"La Chine d'en bas" de Liao Yiwu
"La nuit d'avant" de Wendy Walker
"Isabelle, l'après midi" de Douglas Kennedy
"Les ombres de la toile" de Chris Brookmyre
"Oeuvres complètes II" de Roberto Bolano
"Un été norvégien" de Einar Mar Gudmundsson

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