Parmi les pièces pour piano, pour enfants, bien sûr il y a Les Mikrokosmos de Béla Bartók, les Children’s Corner de Debussy, Album für die Jugend de Schumann... L’excellent pianiste Tristan Pfaff, allez l’écouter notamment dans les études de Karol Beffa, s’attaque quant à lui aux Cinq variations faciles Op. 51 et aux Trente pièces pour enfants Op. 27 de Dimitri Kabalevski (1904-1987) et aux Livre 1 : Tableaux de l’enfance et Livre 2 : Dix pièces pour jeune pianiste de l’Album pour la jeunesse d’Aram Khatchaturian (1903-1978).
Pièces pour enfants ou pédagogiques ne veut donc pas dire forcément pauvreté de l’écriture. Preuve en est encore ici dans ces pièces tout en subtilité et poésie. Mais cette subtilité, cette poésie dans la pédagogie a pour Kabalevski et Khatchaturian un cadre. Celui des doctrines d’Andreï Jdanov. Les pièces devront donc être simples et académiques, ne pas être bourgeoises, décadentes, être en adéquation avec l’utopie progressiste et éducative du communisme soviétique.
Cela s’entend ici chez Kabalevski avec ces recueils de courtes pièces assez enthousiasmantes. Le cadre est similaire chez Khatchaturian. Les dix Tableaux de l’enfance de Khatchaturian sont de 1947 et s’inscrivent musicalement dans cet esprit. les Dix pièces pour jeune pianiste composées plus tard dans les années 60, sont plus audacieuses, plus modernes. Naturellement, les deux compositeurs parviendront à contourner les diktats... Tristan Pfaff montre ici une nouvelle fois toute sa virtuosité (souvent nécessaire), sans aucune ostentation et dévoile tout le charme de ces morceaux. A faire écouter à toutes nos chères têtes blondes... |