Des guitares grattées avec une nonchalance adolescente, cet album d’Ezra Furman a la dégaine de futurs adultes hauts sur pattes à la démarche dégingandée. Vous avez remarqué comme les jeunes adultes ont une manière bien à eux de fouler le sol ? Il y a ceux qui traînent la patte, façon fucking world, et ceux qui chaloupent des genoux, façon navire. Bien évidemment qu’il y en a d’autres, nous n’étions pas ainsi voyons.

Mais pourquoi ce zoom sur les adolescents ? A cause de Sex Education, la série about les balbutiements émotionnels des jeunes pubères américains. Et des autres aussi. La série tourne autour d’Otis et de ses peines : il est vierge et sa mère est sexologue. Une de ses camarades rebelle apprend la chose et le convainc de monter une cellule de thérapie sexuelle dans son lycée. Et ça marche du feu de dieu.

Bourrée de clichés, décomplexée sans être vulgaire, la série a ses fans. Mais là n’est pas la question, enfin pas vraiment, nous, c’est la musique qui nous intéresse. Artiste punk, Ezra Furman signe le soundtrack de la série de sa voix cassée d’ado fou d’amour qui regarde sa belle onduler au milieu de ses copines.

La bande musicale irait à n’importe quelle autre situation, mais elle va tout de même vachement bien avec le thème et le personnage. Ezra Furman a une personnalité atypique qui remet en question la notion de genre. Certains diront que c’est un homme qui aime les robes, d’autres qu’il est queer. Et alors ? Il n’est pas ordinaire, et il assume, c’est ça l’intérêt.

Une heure de rythmes rocks et d’émois juvéniles, l’album souffle un vent de fraîcheur sur le paysage musical. Il ne crie pas pour se plaindre et ne tape pas du pied pour revendiquer, les titres sont un chemin d’itinérance des grimaces face au miroir aux tremblements essentiels. Il y a des titres cool avec les potes ("The good book"), des morceaux swing bal de promo ("Body was made"), et des draps qui s’en souviennent ("Madrugada").

Divers instruments s’invitent à la fête, un pipeau (ou un truc dans le genre) pour planer, une trompette pour louvoyer, ou un piano pour filer sur la pointe des pieds… Jeunesse, tendresse et fesses.