Le saxophoniste Laurent Bardainne est un musicien qui, comme le tigre, est souple, puissant, et gracile. Par contre, à l’inverse du tigre qui est un félin solitaire et qui aime rarement partager son territoire, Laurent Bardainne aime le collectif. Il est le co-fondateur d’excellents groupes post-rock, pop, jazz comme Limousine, Poni Hoax, le plus électronique Sabrina & Samantha, il participe au Supersonic de Thomas de Pourquery et a collaboré avec Camélia Jordana, Rodolphe Burger, Sébastien Tellier, Philippe Katerine, Oxmo Puccino...

Tigre d’Eau Douce est son premier projet en tant que leader et est accompagné d’Arnaud Roulin (Hammond B3), Sylvain Daniel (basse), Roger Raspail (percussions) et Philippe Gleizes (batterie). Un bien bel ensemble donc. Comme il est d’eau douce, ce tigre n’est pas si dangereux que cela. C’est même tout le contraire tellement ce disque rayonne de bonnes ondes. L’amour est partout. Et cela s’entend !

Ce disque est très mélodique. Et ces mélodies sont lumineuses, radieuses, brûlantes parfois comme le soleil du continent africain. Il y a également un sens du groove, une esthétique jazz, soul, afrobeat presque. Et puis un son d’ensemble, le son ample de l’orgue d’Arnaud Roulin, la diabolique et adroite section rythmique qui s’harmonise merveilleusement. Et ce son de saxophone ténor : rond, avec du grain, du timbre rappelant Eddie Harris, Pharoah Sanders, Stanley Turrentine...

Ce disque c’est un havre de paix, un hymne à l’enfance et l’adolescence retrouvée.

C’est beau, généreux, subtile, inventif, excitant et délicat. Superbe.