Une année sans la publication d’un nouvel ouvrage de R.J. Ellory n’aurait pas la même saveur. C’est donc devenu une habitude pour moi que celle d’avoir le plaisir de lire un ouvrage de cet auteur que j’adore depuis que j’ai eu la bonne idée de lire son chef d’œuvre Seul le silence.
Décalé suite au confinement, il aura donc fallu attendre quelques semaines de plus pour pouvoir lire son nouvel ouvrage, Le jour où Kennedy n’est pas mort, un ouvrage au titre particulièrement intriguant qui lance l’auteur dans un nouveau type de récit à savoir l’uchronie.
Il est bien évident que l’uchronie est particulièrement à la mode en ce moment que cela soit dans la littérature ou bien dans le cinéma et aussi les séries télévisées. Particulièrement casse-gueule, ce type de récit peut s’avérer génial et emporter le lecteur comme il peut aussi en rebuter beaucoup d’autres.
C’est donc avec un œil et une attention particulièrement avisée que je me suis lancé dans cet ouvrage que j’attendais impatiemment pour deux raisons, parce que j’adore l’auteur mais aussi parce que l’Histoire de JFK m’intéresse aussi beaucoup. Et en plus, j’étais aussi très curieux de voir comment Ellory allait s’en sortir autour de cette uchronie.
La lecture de cet ouvrage s’est avérée être plutôt plaisante, ce qui ne surprend pas avec cet auteur mais je dois bien avouer que cet ouvrage n’est pas pour moi son meilleur ouvrage. Le jour où Kennedy n’est pas mort est un très bon Ellory mais j’ai préféré son dernier Le Chant de l'assassin.
La grande qualité du livre tient dans le sujet choisi par l’auteur, à savoir l’affaire Kennedy, une des histoires les plus connues au monde qui en même temps est une des histoires les plus obscures qui existent aujourd’hui. Dans l’ouvrage, le 22 novembre 1963, le cortège présidentiel de JFK traverse bien les rues encombrées de Dallas au Texas, il traverse Dealey Plazza quand soudain… rien ne se passe. Le président américain ne mourra pas ce jour-là et sa femme n’aura pas des morceaux de son cerveau sur son tailleur.
Quelque mois après le défilé du cortège présidentiel dans Dallas, Mitch Newman, un photojournaliste installé à Washington apprend une très mauvaise nouvelle. La mère de son ex-fiancée lui apprend que celle-ci, une certaine Jean vient de se suicider. Mitch va tenter de comprendre comment son ex-fiancée a pu en arriver là. Au fil de ses recherches et de son enquête, il va découvrir que son ex-fiancée enquêtait sur la famille Kennedy. Il va alors pénétrer dans le monde de la politique américaine dans lequel règnent le sexe, les mensonges, les manipulations mais aussi les assassinats.
Le lecteur va alors se retrouver au cœur du clan Kennedy (Bobby, Jacky et les autres Kennedy sont présents), un clan évidemment au complet puisque JFK n’est pas mort (et qu’il semble avoir échappé à son funeste destin) et il va aussi rencontrer le devenu célèbre Lee Harvey Oswald.
Ellory imagine ce qu’aurait été la fin du mandat de Kennedy et le déroulement de la campagne pour sa candidature à un second mandat, sans forcément nous présenter le président américain sous un jour favorable (on a tendance à le présenter ainsi depuis sa mort alors que l’on sait très bien qu’il était loin, avec son clan, d’être un enfant de chœur).
Vous l’avez donc compris, Ellory mélange la petite histoire (celle de l’enquête de Mitch) non pas à la grande Histoire mais l’Histoire réinventée ou imaginée. L’enquête de Mitch est particulièrement intéressante, c’est elle qui donne la dimension polar à l’ouvrage et qui tient en haleine le lecteur tout en développant en même temps une certaine empathie pour le personnage.
En réécrivant une Histoire qui ne se passera jamais, R.J. Ellory nous plonge dans les rouages de la politique américaine, au cœur des stratégies électorales, des jeux de pouvoirs, de ceux qui financent les campagnes et qui réclament ensuite des retours d’ascenseurs (on sait que les campagnes présidentielles aux Etats-Unis ne sont pas régies par les mêmes lois qu’en France). On apprend aussi que le président souffrait de nombreux problèmes de santé, qu’il prenait de nombreux médicaments. L’ouvrage nous présente aussi Kennedy comme un homme infidèle ayant eu des liaisons avec de nombreuses femmes, un homme avide de sexe.
Alors voilà, le nouvel ouvrage de R.J. Ellory est donc un très bon ouvrage qui montre que l’auteur maîtrise parfaitement l’uchronie politique, qui n’est pas sans nous rappeler l’ouvrage de Stephen King sur Kennedy (22/11/1963) qui lui avait une dimension un peu plus fantastique (et qui fut adapté en une série télévisée plutôt réussie). |